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Hélène de Senneville, artiste et artisane

Hélène de Senneville

Après avoir dirigé pendant 32 ans sa célèbre galerie de peinture de Pointe aux Canonniers, Hélène de Senneville a ouvert un magnifique et paisible atelier de céramique en lisière de la Forêt Daruty. L’artiste, à présent, c’est  elle.

On oublie souvent que le mot « art » est la racine du mot « artisanat » et que les rapports entre le statut d’artiste et celui d’artisan sont multiples et féconds. Hélène de Senneville ne l’a jamais oublié, elle qui fut une galeriste de renom, pionnière de l’exposition des peintres mauriciens, et opéra, par glissements progressifs, sa mutation vers l’artisanat d’art.

De Royal Road à Chemin du Moulin à vent

Hélène de Senneville est une femme libre ; pour elle, tout est possible, ce qui explique sans doute qu’elle ouvrit en 1987 la première galerie d’art de l’île Maurice, Royal Road Pointe aux Canonniers, et qu’elle la ferma tout aussi librement 32 ans plus tard pour passer à une autre étape de sa vie.

Cette galerie avait pourtant été un exemple de réussite, découvreuse de talents mauriciens et organisatrice de résidences d’artistes.

Une conjonction d’événements a cependant mis fin à cette longue aventure. Cette immense galerie de 600 m2 était devenue une société lourde à gérer. Par ailleurs, l’hôtellerie de luxe, en essor constant et ayant un énorme besoin de tableaux comme éléments de décoration, passa à Hélène une commande qui allait changer le cours de sa vie puisque c’est à l’artiste qui sommeillait en elle qu’on s’adressait ! Après avoir réussi ce premier challenge hôtelier, Hélène en accepte un autre : créer des objets décoratifs. Une céramiste rencontrée lors d’une résidence d’artiste lui enseigne les bases de son nouveau métier. Elle décide alors qu’il faut rompre définitivement et quitter le lieu même de la galerie, pour s’engager dans sa nouvelle vie.

Elle fait alors construire un superbe atelier près de sa paisible résidence en lisière de la Forêt Daruty, Chemin du Moulin à vent.

L’Atelier, un lieu et une signature

Fini les mondanités bruissantes de Royal Road, la vie d’Hélène se déroule à présent dans le cadre enchanteur de son nouvel atelier. Un créateur ne peut demander mieux : un immense jardin légèrement incurvé comme les assiettes de céramique qu’elle décore, avec calme et maîtrise, de ses inspirations graphiques. Dans un bâtiment sobre et beau rappelant l’esthétique et l’esprit Bauhaus, Hélène est accompagnée de quatre jeunes femmes sans qui elle ne pourrait répondre à ses commandes ou à ses nouvelles propositions, C’est une véritable équipe aux rôles bien définis (dessin, modelage de la terre, administration etc.) qui opère sereinement, tout en chuchotements complices et efficaces, et fait vivre ce petit temple de l’art décoratif dédié à l’imaginaire mauricien. Hélène est si consciente et satisfaite de ce travail collectif qu’elle ne signe pas les œuvres de son propre nom mais du sigle « L’A » pour l’Atelier, rendant ainsi hommage au travail de son équipe.

On voudrait rester là. Recevoir sans fin les bonnes ondes de ce lieu et de ses occupantes, de leurs gestes précis, leur tranquillité d’esprit, vivre avec elles, avec leurs poissons colorés, leurs dodos, leurs oursins et étoiles de mer, leurs paysages îliens réinventés et fixés à tout jamais dans la porcelaine ou la céramique. Mais ce bonheur tranquille, accomplissement de la vie d’Hélène de Senneville, leur appartient et on se contentera d’en garder un souvenir émerveillé…

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