La Gazette Mag

MACUMBA : ou l’aventure humaine de Catherine !

Au début des années 90, la jeune Catherine Giraud rentre au pays, après plusieurs années passées au Brésil et sur les îles britanniques Turks and Caicos. Précurseur dans le domaine, elle fonde l’enseigne de décoration Macumba, loin d’imaginer nous en parler encore trois décennies plus tard !
Delphine Raimond

L’aventurière

Il y a trente-deux ans, dans un local à Curepipe (au milieu des camions et de la poussière) prêté par son frère, Catherine importe des vêtements d’Indonésie et approvisionne le marché hôtelier local. Son petit business s’appelle Uluwatu, inspiré du spot de surf balinais, et durera un an. « Je vendais des fringues et bikinis fluos… et ça marchait ! Mais j’ai réalisé que ça n’était pas mon truc ! J’ai toujours aimé chiner, découvrir, fouiller les marchés d’artisanat étrangers… Alors j’ai commencé chez moi dans ma cour, en installant tous les matins des jarres et autres articles de déco sur des boîtes en bois que je rentrais tous les soirs. » (Rires)

Visionnaire, Catherine ouvre son premier magasin à Grand Baie en 1992 et y vend, entre autres, des masques africains ! Imprononçable, Uluwatu devient Macumba et l’engouement pour sa signature ethnique est immédiat ! Avec la même énergie, la fondatrice a toujours osé, n’a jamais lâché. Si aujourd’hui ses deux enfants sont ses piliers, son personnel est sa famille. « Cette formidable aventure humaine nous a tous fait grandir ! J’ai lancé Macumba sans un sou en poche et regardez où nous en sommes ! », me confie-t-elle émue et pas peu fière. 

L’engagée

En 2020, Catherine découvre Ti Rodrigues, où 500 familles vivent dans des conditions misérables, sans eau ni électricité ni ramassage d’ordures. Son grand cœur chavire et la pousse sans ménagement dans le soutien social, au sein de l’ONG Mission Papillon. « Je suis devenue pleureuse professionnelle pour lever des fonds ! » Durant la Covid, des packs alimentaires sont distribués. Pendant le cyclone Batsirai, quinze maisons de tôle sont remises sur pied. Les shelters de l’île, dans un état scandaleux d’insalubrité, sont réparés, aménagés, repeints, embellis… grâce aux actions collectives de bénévoles et au soutien de Macumba. « Les gamins n’ont pas d’espace, pas de jardin. Le mobilier est cassé, les barreaux des fenêtres arrachés…  L’injustice me rend malade ! Je reconnais ma chance, mes conditions sociales et l’immense privilège de vivre au paradis, alors il est normal de rendre un peu ! » Lorsque j’aborde, admirative, son incroyable énergie dévouée aux autres, je sens pourtant un léger découragement. « Je suis une fighteuse, j’ai donc envie qu’ils fight, eux aussi ! Mais les gens dans le besoin sont devenus fatalistes. Pour eux, s’en sortir paraît tellement loin et difficile que c’est inutile. » En colère, Catherine déplore le manque d’intérêt des jeunes pour la politique et l’état du pays – dettes, corruption, pollution… – et invite la population à retirer ses œillères, pour faire avancer les choses !

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