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Moris Orkestra, en chemin vers sa 4e académie

Au lendemain de leur 3e académie de musique et des cinq concerts donnés fin avril, les têtes pensantes de Moris Orkestra (MO) commençaient à préparer le rendez-vous 2026 de ce projet ambitieux et nécessaire, qui démocratise la musique, forme les artistes de demain, qui compose et innove, abat les cloisons entre les styles et s’adresse à tous les publics… Les soixante participants à cette aventure, dont douze malgaches, ont ainsi vécu quatorze jours d’intensité musicale maximale, non sans s’être familiarisés auparavant au répertoire généreux qui a été joué. Dominique Bellier

Imaginez le spécialiste de la ravanne Kurty O’Clou, avec ses immenses natties et ses allures de chef de village, au sein d’un orchestre symphonique, frappant son instrument sur Mo Belmer, véritable classique du séga. Cette expérience a été offerte lors des deux concerts de clôture de l’académie 2025, au Caudan Arts Centre. Tout comme il se fond naturellement au jazz, le séga s’harmonise parfaitement aux instruments à cordes, aux vents et percussions classiques, pourvu que des arrangeurs, compositeurs, pédagogues et interprètes de qualité s’en préoccupent… C’est ce que fait MO depuis plusieurs années et c’est la vision de William Ross pour le développement musical du pays.

Le père de MO et son compatriote le chanteur Mathieu Michel, tous deux performeurs et enseignants de musique en conservatoire en France, se sont par exemple entourés de spécialistes, pour les besoins de Cholo, leur formation de chambre, ou plutôt le laboratoire des expérimentations et premières rencontres entre le classique occidental et le patrimoine musical mauricien… Ce noyau incarne les audaces stylistiques et la réappropriation constructive du terme cholo, qui désignait autrefois le séga et ses praticiens d’une moue terriblement dédaigneuse. Dans le même esprit, l’orchestre a apporté une puissance et une résonnance décuplée à Ki zot problem ou Retourn mwa sa lepok la, les chansons engagées de l’artiste Bilygane qui entrait ainsi par la grande porte et pour la première fois au Caudan Arts Centre !

Photo : © Frédérick Bréville

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