La Gazette Mag

pARTage tire la sonnette d’alarme !

Signe des temps, l’association pARTage a célébré son vingtième anniversaire en mobilisant les artistes sur le réchauffement climatique et les nombreuses crises qui assaillent déjà l’humanité. « Global WARming : la lutte pour un monde décent » est le thème sur lequel ont planché une soixantaine de créateurs en résidence, parmi lesquels huit étudiants mauriciens et quatorze visiteurs d’une douzaine de pays aussi variés que le Japon, l’Islande et le Brésil…
Dominique Bellier

L’association pARTage a souvent mis l’emphase sur le land art et l’environnement, au cours des ateliers que cette association d’artistes a organisés depuis sa création en 2003. Créés par Krishna Luchoomun, qui vit à Flic-en-Flac, ces événements ont régulièrement pris place dans ce gros village du littoral, souvent sur la plage publique, pour aller au-devant des promeneurs nombreux en cette saison.
pARTage a 20 ans, et à l’instar des jeunes de cet âge, le monde qui s’offre à eux s’avère particulièrement anxiogène. Si les intentions de cette résidence affichaient la volonté d’aborder les crises de notre temps liées à l’impact du réchauffement climatique sur nos vies (inondations, pénuries d’eau et de nourriture, développement des épidémies, etc.), ainsi qu’au renforcement des inégalités, il s’agissait pour les artistes autant de dénoncer les mauvaises pratiques que d’appeler à un monde plus décent. À l’issue de deux semaines d’atelier, l’exposition à ciel ouvert a pris place les 2 et 3 décembre, sur l’eau, sur la plage et sous les arbres en face de la station de police de Flic-en-Flac. 

Espoirs et dénonciations

Beaucoup d’artistes ont valorisé des déchets, comme Nirmal Hurry, qui a construit une pirogue de bouteilles en plastique assemblées par des lanières végétales, tellement remplie qu’on ne peut monter dessus… Cette embarcation symbolique dénonce l’absurde inutilité de ces emballages à usage unique et les quantités phénoménales de déchets plastiques qui jonchent nos plages après chaque week-end… Arvin Ombika s’est quant à lui penché sur les pollutions de l’industrie textile, tandis que Rosalie Baya a fabriqué un parasol avec des briques UHT pour « mettre la terre à l’ombre ».
En voyant de grosses seringues plantées au pied d’un arbre, on imagine les injections de pesticides à haute dose dans le sol mauricien, mais Pamela Sunee pensait plutôt aux humains qui aspirent la vitalité de la terre, comme on prélève le sang d’un donneur. Parmi les réalisations les plus spectaculaires, Mother’s cry illustre le désespoir de Mère nature, par une figure féminine faite de feuilles et branchages, entourée de déchets et flottant sur un radeau de fortune. Autre installation flottante, une main géante rouge, signée Sultana Haukim, rappelle qu’il est encore temps de dire stop aux inégalités, aux massacres et abus qui épuisent la planète. Autres messages d’espoir, l’Islandaise Monika Frycova invite à profiter du moment présent sur une pirogue transformée en lieu convivial, et Angèle Angoh prolonge les racines d’un arbre d’immenses tresses multicolores…

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