La Gazette Mag

Plonger (mais respectueusement) avec les baleines!

Du Bell’île, on ne se jette pas dans l’eau, on s’y glisse

Un privilège rare pendant l’hiver austral au large de La Réunion. Une plongée avec les baleines à bosse et leurs baleineaux. Le point d’orgue d’une sortie sur l’un des plus beaux bateaux de l’île. – Stéphane Guillebaud

Depuis vingt bonnes minutes maintenant, Manu scrute avec attention les mouvements de la baleine et de son baleineau. La mère et son petit – qui accuse tout de même une bonne tonne à la pesée – nagent tranquillement à une centaine de mètres du Bell’île. Sur le pont, le groupe de touristes piaffe déjà d’impatience mais Manu, très pointilleux sur les règles de sécurité comme sur la préservation de la vie animale, refuse encore de donner son feu vert.

Un spectacle dont on revient toujours ému

A la manœuvre, Laurent, le capitaine, suit scrupuleusement les consignes du plongeur. Il s’agit de s’approcher certes, mais pas trop près, de n’arriver ni de face ni d’arrière et, enfin, estimer la trajectoire des baleines pour permettre aux passagers de jouir de l’un des plus beaux spectacles de l’océan Indien!

Au top, personne ne se jette à l’eau. Chacun, simplement armé de palmes, masque et tuba, descend précautionneusement et glisse dans le grand bleu. En quelques minutes, le groupe forme un arc-de-cercle immobile sur l’eau, à quelques encablures du bateau. Seul Manu sort par intermittence la tête de l’eau pour suivre le périple des cétacés et guider sa petite équipe de néophytes. Déjà, on perçoit les chants de la baleine. Une symphonie très modulée, caractéristique de cette espèce. En fermant les yeux, on imaginerait une sirène. En les rouvrant, quelques minutes plus tard, le spectacle est là. Incroyable, irréel. La baleine et son petit passent lentement à une vingtaine de mètres seulement du groupe. Un tandem imposant et majestueux. La magie opère ainsi pendant quelques dizaines de seconde que l’on aimerait transformer en éternité.

Le groupe du jour, pas prêt d’oublier cette expérience hors du commun

Parfois, un groupe de dauphins prend le relais. Avec un peu de chance, les mammifères, plus joueurs et curieux s’approchent à quelques brasses de ces drôles de « grenouilles » allongées sur la surface. De retour dans le Bell’île, tous s’extasient. Une jeune femme pleure de joie. Oui, c’était beau. Beau à pleurer.

Grand luxe a bord

Manu, le plongeur, de l’entreprise Duocéan et Laurent, le capitaine du Bell’île, savourent le succès de la sortie. « A l’origine, j’étais plutôt contre les mises à l’eau, explique Laurent. J’ai du respect pour les animaux et je n’aime pas voir les gens se jeter sur les dauphins ou les baleines. Souvent trop près, trop bruyants. Manu, lui, fait les choses bien. Il observe d’abord et choisit toujours l’option la plus neutre pour les animaux. Je ne ferai cela avec personne d’autre que lui ».

Un bel hommage rendu au jeune patron de Duocéan. Car ils sont nombreux, trop nombreux sans doute, à proposer à La Réunion, ce type de sortie. Et, parfois, le désir de satisfaire le client supplante le respect des règles minimales de sécurité et de respect de la faune marine.

A bord du Bell’île, une fois l’émotion passée, les langues se délient. Les commentaires fusent, bardés de superlatifs. Le luxe du beau catamaran à moteur fait ressurgir des souvenirs de films et de yachts. Boissons, samoussas et autres petits fours comblent les estomacs et favorisent encore les échanges. Charlotte, jeune matelot souriant, reste aux petits soins pour ses passagers et créé, par sa faconde et sa jovialité naturelles, ce petit lien supplémentaire qui fera du terme « inoubliable », une forme de ritournelle dans la bouche des touristes à l’arrivée au port.

Laurent K/bidy, ne regrette pas l’acquisition de son Léopard 43 en 2017

Laurent, créole  au sang breton

Bon sang ne saurait mentir. Et c’est peut-être un peu à celui d’un certain Jean-Louis Kerbidy que Laurent K/bidy (un patronyme résultant d’une coquille de l’Etat-Civil) doit sa vocation maritime, fut-elle tardive. L’ancêtre, breton, avait débarqué sur l’île de La Réunion dans le courant du 18ième siècle. Son descendant, originaire de Saint-Joseph, affichait, enfin, des convictions plutôt terriennes. « Je voulais être dans les champs avec les animaux. J’aimais la mer mais je ne pensais pas en faire mon métier ». Grâce à l’insistance de son frère, il intègre tout de même l’école de la marine. Travaille un peu comme pêcheur puis comme matelot et capitaine au sein de la société de sortie en mer Le Grand Bleu, l’une des plus connues de l’île.

C’est en 2015 que nait une envie d’indépendance. La société Croisières Australes nait. Avec un associé, Laurent s’endette pour acquérir son Léopard 43. La « Rolls » des mers est livrée en septembre 2017. Laurent ne regrette pas une seconde ses amours terrienne originelle. La mer l’a pris. La passion s’affirme chaque jour un peu plus. « Je réalise chaque sortie comme si c’était la première » assure le jeune capitaine.

Long de 13 mètres, large de presque sept, le Bell’île présente des allures de petit yacht

Un cata sans équivalent

Le Bell’île s’affiche sans équivalent sur le créneau, pourtant très concurrentiel, des sorties en mer à La Réunion. Long de 13 mètres, large de presque sept, ce magnifique catamaran à moteur présente de véritables allures de petit yacht. A bord, design raffiné, banquettes moelleuses. Trois salons, des transats, quatre couchettes… Tout semble étudié pour le confort des passagers.

Puissant et de grande dimension, le bateau offre une très grande stabilité même par temps de houle, lorsque les plus petites embarcations renoncent. Sorties en mer, privatisation, soirées à quai, la modularité du Léopard permet une offre commerciale très diversifiée.

www.bellile.re – 0693 02 41 74

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