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Sauver la charpenterie de marine !

Our Heritage Foundation (OHF) approfondit ses activités à Vieux-Grand-Port en explorant un métier d’art en danger d’extinction, particulièrement précieux dans une île : la confection de pirogues en bois. Pour l’archéologue Jayshree Mungur Medhi, rien ne les remplace : même perdu·e en mer, on a plus de chance de revenir avec l’une de ces embarcations car elles se remettent toujours à flot ! Découverte. Dominique Bellier

Le métier de charpentier de marine se transmet à Maurice, toujours sur le tas, à l’atelier, de génération en génération. Les écoles professionnelles n’ont semble-t-il pas développé de formations spécifiques à la construction de navires en bois, la majorité des bâtiments qui peuplent nos rivages étant désormais réalisés en résine de synthèse…

Le fait est qu’aujourd’hui, un bateau en bois coûte cher, ce qui n’empêche pas quelques mordus de ne jurer que par le noble matériau et de mouiller leur chemise pour une embarcation confectionnée dans la plus pure tradition de la charpenterie de marine. Mais de là à vivre pleinement de ce métier, il y a un pas. Il n’existe plus qu’une dizaine d’ateliers sur nos côtes et la relève n’y est pas toujours garantie…

Vieux-Grand Port a perdu, le mois dernier, l’une de ces grandes figures de la construction navale. Omar Hoota, plus connu sous le nom de Monsieur Pop, a construit des bateaux en bois de toutes tailles et fonctions au cours de sa vie. À 66 ans, il n’avait plus la santé pour travailler le bois, mais il a quitté ce monde le cœur serein d’avoir transmis ses secrets et les ficelles du métier à ses deux fils, Rahim et Ahad. La famille devait animer la première formation à la charpenterie de marine, prévue en juillet puis reportée, pour que ce savoir-faire et la passion qu’il engendre se transmettent à d’autres artisans.

Étalée sur 6 jours, cette initiation amènera Rahim et Ahad à faire des démonstrations et à inculquer les bons gestes aux stagiaires, qui devront se faire la main sur la réparation d’une pirogue. Elle va aussi leur permettre de se familiariser à la fabrication intégrale d’une pirogue sur des modèles réduits, qui ne manqueront que de volume pour accueillir des passagers. Financé par la Mellon Foundation, ce projet, orchestré par Jayshree Mungur Medhi, vise à documenter ce savoir-faire mauricien et ajouter une activité au programme des visites guidées proposées par OHF aux promeneurs.

Un souffle de l’arbre

L’artiste Alix Le Juge a réuni ses deux passions dans un livre : la mer et le dessin… Après avoir suivi pas à pas la fabrication d’une pirogue chez le dernier charpentier de marine de Mahébourg, Gervais Lamarque, elle raconte ce métier d’art sous forme de dessins assortis de textes descriptifs. Un souffle de l’arbre en est le titre car c’est là le désir du charpentier : donner aux boiseries la respiration qui les fera voguer sur l’océan !

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