La Gazette Mag

Un enjeu stratégique pour Maurice

AML, Airport, Cargo Zone

La gestion de sa desserte aérienne constitue, pour tout Etat, un enjeu stratégique majeur. Cette évidence est encore renforcée quand il s’agit d’un Etat insulaire, éloigné du continent le plus proche, comme de ses principaux partenaires économiques. A Maurice, comme dans bien d’autres îles ou archipels, la gestion du ciel fait donc partie des préoccupations cruciales, pour les autorités gouvernementales, mais aussi pour les principaux acteurs économiques… 

Régulièrement, la presse se fait ainsi l’écho de débats animés portant sur les grandes orientations stratégiques que devrait suivre Air Mauritius. L’industrie hôtelière et touristique, par exemple, déplore souvent le “manque de sièges” mis à disposition d’éventuels voyageurs désireux de venir sur notre île, mais ne trouvant pas de vols directs depuis leur région de résidence.

Les industriels d’autres secteurs se sentent également concernés par le fonctionnement d’Air Mauritius. En effet, la rapidité de l’avion, peut constituer, pour certains exportateurs, un atout commercial déterminant. Hélas, beaucoup regrettent les faibles volumes disponibles (sur des avions d’abord et avant tout destinés aux vols passagers) et le coût élevé du fret aérien.

Il n’en demeure pas moins qu’Air Mauritius est une authentique réussite mauricienne. Trés peu d’Etats insulaires d’une taille comparable à la nôtre peuvent se targuer de disposer d’une compagnie nationale aussi sûre et efficace.

Pour Somas Appavoo, directeur de la compagnie nationale, le succès et la particularité d’Air Mauritius résident, notamment, dans son ADN, résolument mauricien: “Le passager qui entre dans l’un de nos appareils se sent déjà un peu à Maurice…” Et il est vrai que cette “touche locale” est de plus en plus présente. Les coloris des sièges, dont le bleu évoque le lagon, la chaleur et la disponibilité du personnel navigant, qui confirme la bonne réputation de l’accueil mauricien, les annonces faites aussi en créole (et pas seulement en anglais et français), le service de plats mauriciens ou la mise en valeur des artistes locaux, dans les play-lists proposées aux passagers contribuent au dépaysement immédiat.

Mais les évolutions d’Air Mauritius sont aussi plus techniques avec, notamment, l’achat récent d’avions de dernière génération, aux cabines élargies et aux performances améliorées, réduisant considérablement la consommation en carburant. Dans ce registre, la compagnie vient d’annoncer, en même temps que la suppression à bord des plastiques à usage unique, le passage progressif au numérique de tous les magazines embarqués. Si elle peut paraître anecdotique, cette dernière mesure devrait pourtant permettre d’économiser, chaque année, plusieurs dizaines de tonnes de carburant. …

British Airways et Air France, les premières à desservir Maurice

Mais Le ciel mauricien n’appartient pas qu’à air Mauritius. Historiquement, ce sont les transporteurs anglais (BOAC, puis British Airways) et Air France qui ont, les premiers, relié notre île à l’Europe. Quelques anciens se souviennent, avec nostalgie, de la beauté des Constellation qui se posaient, une fois par semaine, à Plaisance, et des nombreuses escales nécessaires pour rallier Londre ou Paris.

Si le développement du tourisme, puis celui de la zone franche, ont incité d’autres compagnies à s’intéresser à la desserte mauricienne, c’est véritablement au tournant de l’an 2000 que le ciel mauricien va connaître sa plus grande ouverture. C’est, par exemple, de cette époque (2001) que date l’arrivée à Plaisance des premiers avions d’Emirates. La compagnie, originaire de Dubaï a su trouver sa place dans le paysage aérien local et fait aujourd’hui figure d’acteur incontournable. La qualité de son service et le confort de ses appareils sont généralement considérés comme une référence…

Dernier acteur arrivé en provenance du Golfe Arabique, Saoudia a récemment instauré une liaison régulière vers et depuis Jeddah, la seconde ville du royaume, et la plus proche des lieux saints de l’Islam.

L’arrivée récente de Turkish Airlines devrait constituer un atout majeur pour Maurice. Cette compagnie, très bien notée, fait partie des acteurs globaux, en desservant un nombre exceptionnel de destinations. Ankara pourrait donc devenir un nouveau “hub” vers Maurice, notamment pour les passagers en provenance d’Asie.

Le retour du transporteur italien, AlItalia, est également un signe encourageant. Confrontée à de sérieuses difficultés financières, il y a encore quelques années, cette compagnie risquait de disparaître. Son arrivée à Maurice, il y a deux ans, et son retour, cette année, marquent une convalescence réussie, tout en ouvrant aux Mauriciens un accès hebdomadaire direct sur Rome!

Plus de 25 compagnies représentées

Sur le plan régional, la fréquence des vols de South African Airways traduit clairement l’importance de la relation forte entre Maurice et l’Afrique du sud. L’opérateur sud-africain est également un vecteur incontournable pour accéder aux nombreuses capitales africaines que ne dessert pas Air Mauritius. Kenya Airways et Air Madagascar (malgré des difficultés récurrentes pour cette dernière compagnie) permettent aussi à l’aéroport mauricien de jouer un rôle inter-africain, par le biais de vols combinés.

Air austral, Cosair et Air Seychelles, tout en desservant les îles voisines, renforcent la fréquence de vols vers l’Europe.

Mais ce sont, en tout, plus de vingt-cinq companies aériennes qui sont représentées à Mauirce.

Si toutes n’atterrissent pas physiquement sur notre île, on peut, notamment par le jeu des alliances entre compagnies, prendre, à Maurice un vol sur les companies suivantes: Air Austral, Air France, Air India, AlItalia, Air Madagascar, Air Seychelles, Airberlin, Austrian, British Airways, China southern, Condor, Corsair, EgyptAir, Emiraites, Kenya Airways, KLM, Lufthansa, Meridiana, Saoudia, South African Airways…et quelques autres.

Maurice, une plateforme aéroportuaire sûre

C’est inévitable, il arrive parfois à des vols civils commerciaux décollant ou atterrissant à Maurice, de connaître quelques incidents, parfois désagréables pour les passagers. Toutefois, l’aéroport SSR de Plaisance peut s’enorgueillir d’un bilan sécuritaire particulièrement flatteur : aucun crash ou accident majeur n’y a jamais eu lieu ! Une situation remarquable dans un environnement aérien régional qui a connu son lot de tragédies (Comores, Kenya…).

La mémoire collective mauricienne a toutefois été marquée par la disparition en mer, le 28 novembre 1987, d’un Boeing 747 de la South African Airways et de ses 159 passagers et membres d’équipage. Selon les témoignages recueillis, en 1998, par la Commission Vérité et Réconciliation, mise en place en Afrique du Sud après la fin du régime d’appartheid, l’appareil aurait transporté des armes et munitions, chargées à bord à Taipeï (Taïwan) et destinées aux autorités sud-africaines, en violation de l’embargo imposé par la communauté internationale. Le feu se serait déclaré dans la partie de la soute où était chargée cette marchandise particulière et l’avion finira par disparaître en mer, à l’Est de Maurice…

Le vol le plus cher du monde

Personne ne s’est véritablement donné les moyens de vérifier l’exactitude de cette affirmation, mais on entend souvent dire que la ligne aérienne reliant La Réunion à Maurice est “la plus chère du monde”… Il est certain que, ramené à la distance parcourue (environ 200km), ce vol affiche un tarif particulièrement élevé. Les autorités des deux îles soeurs, les pouvoirs publics français ou la Commission de l’Océan Indien (C.O.I.) proclament, régulièrement, que cette situation est “anormale” et que l’”on va oeuvrer à dégager une solution de coopération qui permette de remédier à cette situation…” Récemment, lors d’un déplacement à Maurice, le Président de la Région Réunion, M. Didier Robert, a, lui aussi, repris ce thème…

Souhaitons qu’il parvienne à trouver la solution qui a, jusque-là, échappé à ses prédécesseurs, comme aux autres acteurs régionaux.

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