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2048 : une île tropicale sèche et stérile…

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Dans Le puits arabe, Didier Lentrein raconte la désolation d’une société post-apocalyptique, sèche et stérile, où la survie des êtres vivants dépend de la distribution parcimonieuse et quotidienne de l’eau. Cette histoire, située en 2048 à Saint-Philippe de La Réunion, a remporté le prix Indianocéanie 2025 à l’unanimité du jury. Dominique Bellier

Le roman lauréat du prix Indianocéanie 2025 se lit d’une traite grâce à un style simple et précis, et à son narrateur attachant, tout comme les personnages qu’il affectionne. Mais il nous plonge dans une île de La Réunion méconnaissable, en 2048, dans seulement 23 ans… L’auteur revisite mille détails de notre vie quotidienne et reconstruit le paysage à l’aune de la catastrophe climatique. Il décrit les conditions de vie de manière tellement réaliste, que l’on ressent l’inconfort de ses protagonistes sales et en guenilles.

Tous les matins, le vieil homme et narrateur, Cosinus, marche jusqu’au stade et fait la queue pour obtenir sa ration d’eau : 1,5 litre. C’est la condition de la survie. Pour se laver, il se trempe de temps en temps dans la mer… Son ami Eddy, sorte de SDF au grand cœur qui nourrit les chiens, ne se lave plus depuis longtemps. Comme son esprit le quitte régulièrement, Cosinus l’emmène chaque jour au stade et veille sur lui, pour qu’il n’oublie pas en chemin ce qu’il était venu faire.

De la fresque climatique, on passe au thriller du jour où Eddy n’est pas au rendez-vous… Latente jusqu’ici, la violence la plus sordide devient tangible ; la crise et l’absurdité d’une existence sans dessein l’exacerbent. Pourtant, Cosinus entretient la flamme de l’espoir à travers les livres qu’il troque contre quelques protéines avec une certaine Beyoncé, et à travers la solidarité, l’humanisme et la soif de justice de certains.

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