L’affaire juridique qui a opposé Eco-Sud à Pointe d’Esny Lakeside Company Ltd (PDLC) et la Compagnie de Beau Vallon Ltée (BVL), peut être considérée comme un cas d’école, emblématique des conflits environnementaux du pays. L’association semble avoir emporté la mise, obtenant des garanties pour la survie de la zone humide qui jouxte le projet immobilier Pointe d’Esny Le Village … Dominique Bellier
Tout a commencé en novembre 2017 quand BVL et PDLC déposent leur dossier de demande de permis EIA (Environnemental impact assessment) au ministère de l’Environnement, pour le projet PDS (Property Development Scheme) Pointe d’Esny Le Village. Eco-Sud soumet ses commentaires critiques en décembre 2017 peu après ceux du ministère de l’Environnement. Le permis d’EIA est toutefois accordé en janvier 2019, mais contesté par Eco-Sud devant le tribunal de l’environnement, qui rejette néanmoins cette demande de révocation au nom du locus standi, estimant que l’association n’est pas habilitée à paraître. Elle n’aurait pas « d’intérêt à agir » dans cette affaire…
Le bras de fer s’engage dès lors contre le ministère de l’Environnement… L’association trouvera des soutiens nécessaires, pour démontrer sa légitimité en cours suprême, et même devant le Privy Council qui statue finalement en sa faveur début juillet 2024… Les négociations entre Eco-Sud et BVL s’engagent dès lors jusqu’à la signature d’un accord, le 19 février 2025. L’obstination finit par payer.
23 arpents et 38 perches de terrain sont décrétés non constructibles et deux corridors écologiques non constructibles sont créés pour préserver la continuité écologique entre terres, marais et lagon. Cette lutte a aussi fait évoluer la jurisprudence à Maurice, mais comme l’explique l’hydrogéologue Sébastien Martial sur la chaîne de l’association, Les Gardiens du Vivant, le système hydrologique de notre île doit être plus finement pris en compte…
