Fondé par trois diplômés en architecture en 2024, le collectif NOU souhaite ouvrir la discipline architecturale à Maurice. Soutenu par l’Ambassade de France, l’Institut Français de Maurice (IFM) et le Centre d’Étude du Développement Territorial Indo-Océanique (CEDTI), l’un de ses premiers projets, « Résidence à Richelieu », a pris fin en juin 2025. Adrien Mallac-Sim, l’un des membres du collectif, se livre. Eugénie Sauzier-de Rosnay
Depuis un an, le collectif NOU, aujourd’hui composé d’Adrien Mallac-Sim, Alban Salaün, Kevin Pyneeandee et Divakar Moodhoo, s’est donné une mission inspirante. Trait d’union entre le monde des études et la réalité de l’univers professionnel, celui-ci entend diffuser une approche plus large de l’architecture, telle qu’elle se présente sur l’île. « Cette discipline, extrêmement riche, ne saurait être réduite à sa seule dimension de construction », explique Adrien.
Il s’agit pourtant, selon ce dernier, d’un métier pluriel, en constante mouvance, qui se divise en de nombreuses branches – quasi inexistantes à Maurice. « Un architecte peut être un chercheur, un planificateur, un penseur ou même un enseignant. Il peut réfléchir à de nouveaux modes de construction et même à de nouveaux matériaux », poursuit-il. Point de départ d’une réflexion globale, le collectif NOU compte ainsi ouvrir un véritable dialogue entre toutes les parties prenantes d’un développement, tout en tenant compte des enjeux locaux.
Mu par l’inéluctabilité des changements environnementaux, déjà perceptibles à travers les inondations irrépressibles qui affligent l’île, le collectif NOU veut aussi donner une voix aux habitants, en plaçant le contexte social au cœur de chaque initiative. « Résidence à Richelieu » représente les premiers pas de cette réflexion et une porte ouverte à d’autres considérations. Ce projet de recherche, axé autour de l’ultra-urbanisation dans une situation de multiplication des événements environnementaux, s’est déroulé sur le terrain durant dix mois.
Partis à la rencontre des habitants et venus étudier la topographie et les bâtiments de la localité, les membres du collectif sont arrivés à la conclusion qu’au-delà d’un souci d’infrastructure, le problème le plus prégnant reste l’importance de la communication entre les différentes entités concernées. « Nous avons construit cette résidence comme un outil de proximité, une méthode ouverte, vivante, où l’observation, la patience et la discussion sont aussi essentielles que le dessin ou la carte. Cela nous a aussi permis de repenser le rôle du diplômé en architecture comme un médiateur, un facilitateur au service du territoire et de ceux qui l’habitent ».
Après près d’un an de recherche, ce travail de terrain, qui a aussi été rythmé par des débats, des conférences et des ateliers, s’est conclu sur une exposition tenue du 31 mai au 13 juin 2025 à l’IFM. Cette dernière se délocalisera dans les mois à venir à Richelieu, pour une expérience encore plus immersive et engageante. « Cette première étape permettra de créer du lien et de repenser l’articulation de l’architecture à Maurice. Parallèlement, nous continuerons, de notre côté, à réfléchir à de nouveaux systèmes économiques viables pour que ces autres filières de la discipline puissent s’intégrer dans le paysage professionnel mauricien », conclut notre interlocuteur.