La course contre la mort

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La nuit au cœur de Nathacha Appanah est en lice pour les principaux prix littéraires français : Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis, sans compter les Goncourt et Renaudot des lycéens qui vont l’amener à rencontrer de jeunes lecteurs à l’esprit affûté à travers la France. Mais ce qui compte le plus, c’est ce livre limpide et franc qui explore et interroge avec profondeur et délicatesse les différents aspects de l’emprise et du féminicide conjugal. Dominique Bellier

Trois femmes ont couru dans la nuit pour échapper aux violences de leur conjoint. Deux ont été abattue ou immolée. Celle qui a échappé à la mort est Nathacha Appanah qui accomplit, 27 ans plus tard, le tour de force de faire littérature en exprimant l’indicible et en menant une introspection et une exploration méticuleuses de ces trois histoires.

Bien qu’il raconte comment la mort finit par remplacer l’amour, bien qu’il décrive l’engrenage de la violence, l’effacement et l’asservissement de trois compagnes, offrant une plongée directe dans la noirceur de l’âme, ce livre passionne par sa profondeur, son style lumineux et sa délicatesse. Dans sa quête de vérité, Nathacha Appanah fait revivre les deux femmes assassinées, décrit leur personnalité et leurs goûts, refusant de les réduire à leur figure de victimes.

L’autrice ne cède rien au lyrisme et au manichéisme. Elle ne craint ni la complexité ni de la monstruosité du réel. Elle observe minutieusement et questionne les féminicides infligés à sa cousine Emma, écrasée et abattue en 2000 à Maurice, et à Shahinez Daoud, brûlée vive en 2021, en France. Elle sonde encore plus profondément, pour l’avoir vécue dans sa chair, l’emprise qu’un homme plus âgé a exercé sur elle, l’aliénation et l’effacement annihilant progressivement la jeune femme des débuts, prête à embrasser le monde.

© Francesca Mantovani

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