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vendredi, avril 19, 2024

Le sida progresse depuis 2015

La Journée mondiale du sida, qui a eu lieu le 1er décembre, a été commémorée, ici, par PILS (Prévention Information et Lutte contre le SIDA), une association de lutte contre la maladie qui vise à offrir une structure de soutien aux personnes vivant avec le VIH depuis 1996. Son directeur, Nicolas Ritter, fait état d’une recrudescence de cas d’infection et de migration du virus vers une nouvelle catégorie de public. 

Maurice a vu le nombre de personnes atteintes du virus décroître à partir de 2010, suite à l’application de mesures visant à protéger les personnes s’injectant des drogues avec une seringue souillée. « Car elle a, en effet, été longtemps la principale cause de contamination de 60% des malades dépistés depuis le premier cas identifié en 1987 », explique Nicolas Ritter. Ces mesures de lutte soutenues par le ministère de la Santé dès 2006, rejoint par le Fonds mondial dès 2010 portaient sur un programme d’échange de seringues et de substitution de drogue par la méthadone. « Dans un pays fortement impacté par l’usage des drogues, ce programme fut salvateur, car nous avons assisté à une chute de l’incidence des seringues de l’ordre de 60% en 2015. Malheureusement, ce programme de santé a pâti de la décision controversée de M. Anil Gayan, ministre de la Santé d’alors, défavorable à la distribution de méthadone … Bien que son successeur ait réintroduit ces mesures au programme de santé publique, la courbe de progression de la maladie est repartie à la hausse et nous devons refaire ce qui a été défait», se désole Nicolas Ritter.

Les femmes davantage touchées

Les chiffres cumulatifs depuis 1897, année du premier malade détecté positif sur l’île, font état d’un total de 7421 personnes infectées par le virus, dont 5503 hommes et 1918 femmes (chiffres de 2018). Et Nicolas Ritter s’inquiète d’un fait nouveau… « En 2018, nous avons identifié 232 hommes malades contre 174 femmes ; l’écart entre les deux sexes se réduit et tiendrait au fait que les femmes se font davantage contaminer par leurs partenaires sexuels, en général marginalisés, le plus souvent sans travail, faisant de nombreux aller-retours entre la prison et l’extérieur ». Autre fait inquiétant, si la tranche d’âge des 25-39 ans a été la plus touchée par le virus du sida, depuis 2015, la contamination a migré vers les + de 55 ans… « On est clairement, ici, face à des cas de transmission du virus par voie sexuelle et c’est une tendance qui, malheureusement, ne concerne pas seulement Maurice », précise Nicolas Ritter. Enfin, l’association avoue être confrontée au phénomène des « perdus de vue », c’est-à-dire des personnes, majoritairement marginalisées, qui se soumettent au dépistage les révélant positifs au VIH, et qui disparaissent ensuite du « radar» de l’association et de celui du ministère de la Santé. Un signe fort, rappelant, selon le directeur de PILS, que de nombreuses personnes atteintes vivent dans le déni de la maladie, toujours perçue comme honteuse.

Des protocoles de traitement corrects

« Alors que le système de santé mauricien permet à tous d’accéder gratuitement au traitement depuis 2002, les antirétroviraux étant disponibles dans tous les hôpitaux. Nous n’avons pas les toutes dernières molécules, mais les protocoles de prise charge sont corrects », poursuit Nicolas Ritter. Ce dernier appuie sur l’importance du dépistage qui reste le premier outil de prévention, « car une personne traitée ne transmet plus la maladie ; et je tiens vraiment à le répéter, si la charge virale d’une personne traitée est indétectable, elle ne transmet pas le virus ». PILS avait, d’ailleurs, dans le cadre de la journée internationale du 1er décembre, organisé le 30 novembre dernier, une journée de sensibilisation et de dépistage gratuit sur le Caudan Waterfront, portée par le slogan « San twa pa kapav aret sida », avec le soutien de son partenaire, la Standard Bank. Si le dépistage reste une condition essentielle à la prévention, il reste un écueil et non des moindres à balayer pour se faire traiter en toute transparence, celui du tabou qui pèse encore fortement sur le nom sida.

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