Les fondations d’un système en pleine mutation

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En 2025, une étude, le Global Innovation Index, publiée par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), révèle que l’île Maurice, placée à la 53e position mondiale, conserve son rang de leader africain en matière d’innovation. 5G, cloud souverain, centres de cybersécurité, data centres, intelligence artificielle… Le pays ambitionne en effet de s’imposer sur l’échiquier mondial en tant que hub tech de référence pour la région. Enquête auprès des acteurs du secteur sur les implications et la viabilité d’une telle aspiration.

Intelligence artificielle : où en est Maurice ?

L’IA est sur toutes les lèvres et pourrait bien s’imposer comme le catalyseur du hub tech mauricien – si l’île arrive à négocier à temps ce virage essentiel et tirer parti de cet outil précieux. Jean Jacques André, directeur de WorkN’Play, startup française spécialisée en intelligence économique et IA, et directeur de MauBank Holdings Ltd, fait l’état des lieux. Eugénie Sauzier-de Rosnay

Pensez-vous que l’île possède les atouts nécessaires pour rivaliser avec d’autres hubs régionaux ?

Maurice dispose d’atouts exceptionnels : accès universel à l’électricité (unique en Afrique), taux de pénétration internet de 79,50 %, et parité parfaite hommes-femmes dans l’emploi TIC (50,1 % de femmes). Cependant, rivaliser avec Dubaï ou Singapour exige une transformation stratégique majeure.

Où en est-on du côté de l’intégration de l’IA en entreprise ?

La prise de conscience s’accélère. Maurice compte 1 brevet IA, 22 millions de dollars d’investissements, et le gouvernement construit une unité IA centrale (Rs 25 millions de budget). Globalement, 69 % des organisations intègrent chatbots et assistants virtuels, tandis que 36 % développent des modèles propriétaires.

Quels secteurs économiques mauriciens pourraient en bénéficier le plus rapidement ?

La finance bénéficiera de l’automatisation de l’évaluation de solvabilité et de la détection de fraudes. Le tourisme peut optimiser les revenus selon la demande saisonnière. La logistique et l’agriculture profiteront aussi de l’optimisation algorithmique.

Représente-t-elle un outil suffisamment fiable pour l’intégrer entièrement dans les processus ?

Absolument. Le franchissement du seuil de 75,8 % de fiabilité transforme l’IA d’outil expérimental en infrastructure stratégique. La question n’est plus « si » mais « comment » l’adopter. Le retard accumulé se rattrape difficilement.

Maurice a-t-elle intérêt à développer ses propres modèles d’IA ou à devenir un hub d’intégration ?

Une stratégie duale s’impose. Maurice doit exceller dans l’orchestration et l’intégration multi-plateformes, combinant solutions génériques pour les besoins standards et modèles propriétaires pour les secteurs réglementés (finance, santé, juridique). Cette approche maximise l’efficience tout en préservant la souveraineté numérique.

Des ambitions et des défis

Depuis les dernières années, les nouvelles technologies connaissent à Maurice une flambée sans précédent. Infrastructures dernier cri, investissements massifs, innovations IA… L’île ambitionne de devenir un hub technologique de référence pour la région et coche, sur le papier, de nombreuses cases… Mais l’infrastructure suffit-elle à réaliser ce rêve ?

178 % de pénétration internet (doubles abonnements récurrents) selon les chiffres de l’ICTA, couverture 5G parmi les plus élevées d’Afrique, câbles sous-marins, stations satellites, centres de cybersécurité opérant 24/7, plateformes RegTech : l’écosystème technologique mauricien se consolide. Pourtant, entre investissement massifs et défis de transformation digitale, quelle est la réalité du terrain ?

Un pionnier régional de connectivité

Les classements internationaux placent Maurice parmi les pays africains les plus préparés à la transition numérique. Selon les deux opérateurs de l’île, Mauritius Telecom et Emtel, nous ne pourrions prétendre à devenir un hub tech régional sans infrastructures de pointe. « L’accès à la connectivité est un droit fondamental dans une société moderne », affirme Veemal Gungadin, CEO de Mauritius Telecom.

L’opérateur historique investit d’ailleurs Rs 3 milliards annuellement dans ses infrastructures réseau. Promoteur de la 5G avec une couverture de 90 %, un réseau fibre et 4G desservant l’ensemble des zones habitées (incluantRodrigues), et des câbles sous-marins SAFE, LION et T3, l’entreprise vise aussi l’inclusion numérique à travers de nombreuses initiatives : 350 hotspots Wi-Fi gratuits, forfaits gratuits pour les 18-25 ans, soutien aux foyers vulnérables… L’opérateur redéfinit aussi le secteur de la téléphonie mobile en lançant les premiers essais de la technologie 5.5G.

Gold Sponsor du AI Hackathon qui débarque pour la première fois à Maurice, le directeur général a une vision claire : « L’intelligence artificielle est devenue le socle sur lequel se construit la transformation de Mauritius Telecom », dit-il. En développant les compétences de ses équipes comme de la jeunesse mauricienne, l’entreprise entend construire, brique par brique, une transition technologique juste et durable.

Face à cet opérateur historique, Emtel cultive son ADN de pionnier. Premier opérateur mobile de l’hémisphère Sud (1989), premier en Afrique pour la 3G (2004), puis la 4G (2012), l’entreprise affiche aussi 90 % de couverture 5G. Membre fondateur du câble METISS, l’entreprise a également investi dans des capacités reliant l’Est et l’Ouest africain. Son partenariat avec Eutelsat Group a permis d’établir la première station satellitaire à Maurice, couvrant 3 500 kilomètres alentour.

Pour Kresh Goomany, CEO d’Emtel, l’avance technologique prise par l’île doit impérativement être maintenue pour devenir le laboratoire d’innovation de l’Afrique. « Notre taille est en réalité un atout : Maurice peut agir rapidement, expérimenter et démontrer ce qu’une nation africaine connectée et tournée vers l’avenir peut accomplir », dit-il. Une ambition qui passe aussi, selon lui, par la contribution à un écosystème numérique plus résilient et inclusif, illustrée par le prix « Changing Lives » qu’a reçu l’opérateur pour Agaléga, mais aussi par une coopération essentielle entre les différentes parties prenantes.

Cybersécurité, cyber-résilience… cybersouveraineté ?

« La cybersécurité est aujourd’hui le pilier de toute ambition technologique, car elle protège non seulement les données sensibles, mais établit également la crédibilité nécessaire sur la scène internationale », confie Ashiss Soobhug, Head of Cybersecurity Advisory Services de Rogers Capital Technology. Autrement dit, sans elle, pas de hub tech… Pour celui-ci, il ne s’agit de rivaliser avec les autres pays d’Afrique, dont certains excellent dans le développement d’écosystèmes d’innovation et de startups, mais plutôt de rechercher une complémentarité régionale – un concept d’ailleurs matérialisé par l’implantation de Rogers Capital Technology au Rwanda, consolidant l’image d’une île Maurice exportatrice de cybersécurité pour la région.

« En renforçant nos compétences locales en cybersécurité et en établissant des partenariats équilibrés plutôt que des dépendances, Maurice peut être à la fois souveraine et connectée », poursuit-il. Si l’île possède une infrastructure technologique mature, un cadre réglementaire stable, une position géostratégique et une expertise grandissante en cybersécurité, la formation et la rétention des talents constituent cependant un défi majeur. Les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, promettent aussi de changer la donne – de la cyber-résilience comme des cybermenaces.

Malgré cela, le chemin semble tracé, selon Ashiss, qui voit l’île évoluer vers trois rôles complémentaires : d’abord, un hub de services managés de cybersécurité (MSSP) offrant une surveillance et une protection continues pour les organisations régionales. « Ensuite, un service de consultant stratégique et technique pour accompagner les entreprises de la région en cybersécurité et, enfin, un laboratoire de recherche et de développement où l’expertise locale peut innover face aux menaces émergentes », conclut-il.

Entre potentiel et freins

L’innovation logicielle mauricienne émerge. Fondée en 2009 avec des bureaux au Kenya et à Madagascar, Cybernaptics illustre comment une entreprise tech mauricienne peut transformer sa taille en atout. En 2023, l’entreprise lance Algorythmics, la première plateforme RegTech développée à Maurice. Utilisant l’IA, le machine learning et la data science, elle automatise la compliance (FATCA, CRS, AML) et transforme la contrainte réglementaire en avantage compétitif.

« Avec 1,3 million d’habitants, Maurice n’a pas la taille de marché de l’Inde ou du Kenya. Mais cette réalité nous a poussés à être plus agiles, plus innovants et plus proches des besoins concrets », affirme l’entreprise. Ses solutions modulaires, développées pour le marché mauricien hautement régulé, s’exportent désormais en Afrique, où elle puise aussi son expertise. « Le pays regorge de talents compétents et rigoureux, capables de développer des solutions de pointe. Toutefois, la demande mondiale en experts IA, machine learning et data science est telle qu’il devient essentiel de s’ouvrir à un écosystème régional », poursuit-elle.

Beaucoup de potentiel, mais aussi de nombreux freins… Après 25 ans dans le digital et 10 ans en tant que directeur de PME dans la tech, Vincent Rose, partenaire Zoho – un logiciel CRM réputé –, dresse un constat plus sombre : résistances culturelles, négociation agressives, fuite des talents vers les entreprises internationales qui rémunèrent mieux. « Nos compétences locales ne rentrent malheureusement pas dans les entreprises qui aident notre pays à se développer », regrette-t-il, questionnant la réalité du hub tech mauricien au-delà des discours.

La technologie au service du management

Novotecs, spécialisée dans le développement de progiciels sur mesure et la mise en œuvre de solutions innovantes, accompagne les entreprises mauriciennes pour répondre à leurs besoins actuels et futurs. Outre l’implémentation de l’ERP Odoo, elle propose aussi ProAct GMAO, optimisant la maintenance corrective, préventive et prédictive des équipements, améliorant l’efficacité des techniciens et prolongeant la durée de vie des actifs. Sa solution Medinov, un CRM médical dédié aux professionnels de la santé, facilite quant à elle la gestion des patients, le suivi des dossiers, la prise de rendez-vous et la communication tout en optimisant l’organisation pour une meilleure qualité de soins.

Nourrir les talents de demain

Si Maurice dispose d’infrastructures solides laissant entrevoir son émergence en tant que hub tech régional, cet objectif ne repose pas seulement sur des câbles et des data centres. Comment faire vivre cet écosystème ? Maurice forme-t-elle les talents dont elle a besoin ? Du primaire au supérieur, un pipeline de formation se dessine, avec ses forces et ses failles.

Au-delà de la connexion, Mauritius Telecom forme aussi les talents du futur. Le 27 octobre dernier, sa plateforme mytGPT Education a été lancée dans huit écoles à Maurice et une à Rodrigues. L’objectif : offrir un assistant pédagogique personnalisé aux élèves et des outils innovants aux enseignants. « Dans un monde où l’intelligence artificielle redéfinit notre manière d’apprendre et de travailler, il est essentiel de préparer la nouvelle génération », affirme Veemal Gungadin, CEO de Mauritius Telecom, qui soutient également Learn-AI, une initiative nationale destinée aux élèves de Grade 12.

Mais l’initiation tech commence bien avant le secondaire. Créée en juin 2025, l’entreprise Honey Badger IT incarne cette conviction : la littératie technologique doit devenir une compétence de base. « Pour former une génération véritablement impliquée dans la technologie, il est essentiel que celle-ci découvre et comprenne ce monde le plus tôt possible », explique Cyrille Le Corre, fondateur de l’entreprise. Formations de coding, cybersécurité, électronique et IA à partir de 8 ans : l’entreprise propose de combler le temps de réaction du système scolaire en renforçant l’accessibilité aux formations !

Enfin, ALCHE (African Leadership College) entend former des leaders. « Former un leader technologique demande plus qu’une formation technique. Il lui faut trouver un objectif qui ait du sens, un sens de l’éthique, et la capacité de relier produits, personnes et communautés », explique Veda Sunassee, CEO d’ALCHE. Accueillant des étudiants de plus de 30 pays africains, l’université affiche des résultats impressionnants :  plus de 216 startups uniques ont été lancées, créant 52 000 emplois, et 79 % des diplômés sont employés dans les six mois.

« Le problème à Maurice n’est pas le manque de talents, mais le décalage entre compétences, outils et contexte », affirme-t-il – un écart comblé par l’apprentissage pratique et les partenariats employeurs. « Pour faire de Maurice une véritable terre d’opportunités, il nous faut une demande locale accrue en innovation, des zones réglementaires expérimentales et des voies de résidence pour les diplômés internationaux » conclut-il.

Quand l’IA réforme l’encaissement !

Comme partout à travers le monde, la transformation numérique de notre île est elle aussi en marche. Certains s’enthousiasment, d’autres hésitent encore… La modernisation, elle, n’attend pas. Philippe Méliet, dirigeant fondateur de XL-ent, entreprise tech mauricienne spécialisée dans les solutions digitales d’encaissement, décrypte les mutations du secteur à l’ère de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies.

De plus en plus présente dans nos vies, l’IA est un outil efficace et performant qui ne demande qu’à être intégré aux opérations des entreprises. « Elle permet d’automatiser des tâches complexes comme la gestion de stock, les commandes fournisseurs, la comptabilité ou la création de bases produits/prix », explique Philippe. Si quelques freins subsistent encore, notamment chez les petits commerçants, ce dernier observe aussi, depuis quelques mois, une nette accélération de la demande.

Selon lui, les différents secteurs mauriciens – restauration, hôtellerie, retail …–, rattrapent pour la plupart leur retard – un pas de plus vers la maturité numérique ! Pour le spécialiste de l’encaissement, l’IA joue aussi un rôle stratégique dans le POS (Point of Sale), constituant déjà un assistant de gestion complet permettant aux gérants et équipes de se concentrer sur leur cœur de métier.

L’intelligence artificielle ne se limite cependant pas aux opérations internes des commerçants : chez XL-ent, elle est également utilisée pour superviser en temps réel des milliers de caisses déployées à travers l’île, permettant d’anticiper les soucis techniques avant même qu’ils ne soient visibles par les équipes. En 2026, l’entreprise prévoit aussi de lancer, avec iMin, le tout premier AI POS, une nouvelle génération de terminaux intelligents capables d’analyser, prédire et optimiser les opérations commerciales en temps réel, et de gérer une activité en boutique physique et en ligne simultanément.

Si la digitalisation semble bien entamée, l’essentiel reste d’accompagner ce changement. « Passer du carnet papier au POS digital demande un vrai effort d’adaptation », dit-il. Ayant déjà formé plus de 2 500 Mauriciens à l’usage des nouvelles technologies POS, l’entreprise entend démocratiser le digital en proposant des solutions avantageuses et adaptées au contexte mauricien. « Le digital n’est pas une contrainte, c’est une opportunité. Et l’intelligence artificielle joue ici un rôle fondamental – une évolution que nous accompagnons au quotidien pour faciliter la vie de nos clients », conclut Philippe.

Laying the Foundations of an Ever-Changing System

In 2025, the Global Innovation Index, published by the World Intellectual Property Organisation (WIPO), reveals that Mauritius, ranked 53rd globally, maintains its position as Africa’s innovation leader. 5G, sovereign cloud, cybersecurity centres, data centres, artificial intelligence… The country indeed aspires to establish itself on the world stage as the region’s go-to tech hub. We investigate with industry stakeholders the implications and viability of such an ambition.

Artificial Intelligence: Where Does Mauritius Stand?

AI is on everyone’s lips and could well emerge as the catalyst for Mauritius’ tech hub ambitions—provided the island manages to navigate this crucial turning point in time and harness this valuable tool. Jean Jacques André, Director of WorkN’Play, a French startup specialising in economic intelligence and AI, and Director of MauBank Holdings Ltd, takes stock of the situation.

Do you believe the island has what it takes to compete with other regional hubs?

Mauritius boasts exceptional assets: universal access to electricity (unique in Africa), an internet penetration rate of 79.50%, and perfect gender parity in ICT employment (50.1% women). However, competing with Dubai or Singapore requires a major strategic transformation.

Where do we stand regarding AI integration in business?

Awareness is accelerating. Mauritius has 1 AI patent, $22 million in investments, and the government is building a central AI unit (Rs 25 million budget). Overall, 69% of organisations are integrating chatbots and virtual assistants, whilst 36% are developing proprietary models.

Which Mauritian economic sectors could benefit most rapidly?

Finance will benefit from automated creditworthiness assessment and fraud detection. Tourism can optimise revenue according to seasonal demand. Logistics and agriculture will also benefit from algorithmic optimisation.

Is it reliable enough to be fully integrated into processes?

Absolutely. Crossing the 75.8% reliability threshold transforms AI from an experimental tool into strategic infrastructure. The question is no longer ‘if’ but ‘how’ to adopt it. Lost ground is difficult to make up.

Should Mauritius develop its own AI models or become an integration hub?

A dual strategy is essential. Mauritius must excel in orchestration and multi-platform integration, combining generic solutions for standard needs with proprietary models for regulated sectors (finance, health, legal). This approach maximises efficiency whilst preserving digital sovereignty.

Ambitions and Challenges

In recent years, new technologies have experienced an unprecedented surge in Mauritius. State-of-the-art infrastructure, massive investments, AI innovations… The island aspires to become a leading regional tech hub and, on paper, ticks many boxes… But is infrastructure alone enough to realise this dream?

With 178% internet penetration (due to double subscriptions) according to ICTA, one of Africa’s highest 5G coverage rates, submarine cables, satellite stations, 24/7 cybersecurity centres and RegTech platforms, Mauritius’ technological ecosystem is consolidating. Yet between massive investments and digital transformation challenges, what is the reality on the ground?

A Regional Connectivity Pioneer

International rankings place Mauritius amongst the African countries best prepared for digital transition. According to the island’s two operators, Mauritius Telecom and Emtel, aspiring to become a regional tech hub requires cutting-edge infrastructure. ‘Access to connectivity is a fundamental right in a modern society,’ affirms Veemal Gungadin, CEO of Mauritius Telecom.

The historic operator invests Rs 3 billion annually in network infrastructure. With 90% 5G coverage, fibre and 4G networks serving all inhabited areas including Rodrigues, and SAFE, LION and T3 submarine cables, the company pursues digital inclusion through 350 free Wi-Fi hotspots, free packages for 18-to-25-year-olds, and support for vulnerable households. The operator is also launching 5.5G technology trials.

As Gold Sponsor of the AI Hackathon making its Mauritian debut, the CEO has a clear vision: ‘Artificial intelligence has become the foundation upon which Mauritius Telecom’s transformation is built.’ By developing skills amongst its teams and Mauritian youth, the company aims to build a fair and sustainable technological transition.

Emtel cultivates its pioneer DNA. The Southern Hemisphere’s first mobile operator (1989), Africa’s first for 3G (2004) then 4G (2012), the company boasts 90% 5G coverage. A founding member of the METISS cable with investments linking East and West Africa, its Eutelsat Group partnership established Mauritius’ first satellite ground station, covering 3,500 kilometres.

For Kresh Goomany, Emtel’s CEO, maintaining the island’s technological advantage is crucial to becoming Africa’s innovation laboratory. ‘Our size is actually an asset: Mauritius can act quickly, experiment and demonstrate what a connected African nation can achieve.’ This ambition involves contributing to a more resilient and inclusive digital ecosystem, illustrated by the ‘Changing Lives’ award for Agaléga.

Cybersecurity, Cyber-Resilience… Cyber-Sovereignty?

‘Cybersecurity is the pillar of any technological ambition, protecting sensitive data whilst establishing necessary international credibility,’ confides Ashiss Soobhug, Head of Cybersecurity Advisory Services at Rogers Capital Technology. Without it, no tech hub exists.

Rather than competing with other African countries excelling in innovation ecosystems, Rogers Capital seeks regional complementarity—materialised through its Rwanda presence, positioning Mauritius as a cybersecurity exporter. ‘By strengthening local cybersecurity skills and establishing balanced partnerships rather than dependencies, Mauritius can be both sovereign and connected.’

Whilst possessing mature infrastructure, stable regulation, geostrategic positioning and growing expertise, training and retaining talent remains challenging. AI promises to transform both cyber-resilience and cyber-threats.

Ashiss sees the island evolving towards three roles: an MSSP hub offering continuous regional protection, strategic and technical consulting services, and an R&D laboratory innovating against emerging threats.

Between Potential and Barriers

Mauritian software innovation emerges through companies like Cybernaptics, founded in 2009 with offices in Kenya and Madagascar. In 2023, it launched Algorythmics, Mauritius’ first RegTech platform. Using AI, machine learning and data science, it automates compliance and transforms regulatory constraints into competitive advantages.

‘With 1.3 million inhabitants, Mauritius lacks India or Kenya’s market size. But this pushed us to be more agile, innovative and closer to concrete needs,’ the company affirms. Its modular solutions, developed for Mauritius’ highly regulated market, now export to Africa. ‘The country abounds with competent talent. However, global demand for AI and data science experts necessitates opening to a regional ecosystem.’

Yet barriers persist. After 25 years in digital, Vincent Rose, Zoho partner, paints a darker picture: cultural resistance, aggressive negotiations, talent flight towards better-paying international companies. ‘Unfortunately, our local skills don’t enter companies that help our country develop,’ he regrets, questioning the tech hub reality beyond rhetoric.

Technology in Service Management

Novotecs, specialising in bespoke software and innovative solutions, supports Mauritian businesses’ current and future needs. Beyond Odoo ERP implementation, it offers ProAct CMMS, optimising equipment maintenance and extending asset lifespan, and Medinov, a medical CRM facilitating patient management whilst optimising organisation for better quality care.

Nurturing Tomorrow’s Talent

Whilst Mauritius boasts robust infrastructure that hints at its emergence as a regional tech hub, this ambition is not built on cables and data centres alone. How do we bring this ecosystem to life? Is Mauritius developing the talent it needs? From primary through to higher education, a training pipeline is taking shape, complete with its strengths and shortcomings.

Beyond connectivity, Mauritius Telecom is also shaping tomorrow’s talent. Last 27th October, its mytGPT Education platform was rolled out across eight schools in Mauritius and one in Rodrigues. The aim: to provide pupils with a personalised learning assistant and teachers with innovative tools. ‘In a world where artificial intelligence is reshaping how we learn and work, preparing the next generation is crucial,’ says Veemal Gungadin, CEO of Mauritius Telecom, which also backs Learn-AI, a national initiative for Grade 12 students.

But tech education begins well before secondary school. Established in June 2025, Honey Badger IT embodies this belief: technological literacy must become a core skill. ‘To nurture a generation truly engaged with technology, discovering and understanding this world as early as possible is crucial,’ explains Cyrille Le Corre, the company’s founder. Offering coding, cybersecurity, electronics and AI training from age 8 onwards, the company seeks to bridge the gap left by the education system’s response time by making training more accessible.

Finally, ALCHE (African Leadership College) aims to develop leaders. ‘Training a technology leader requires more than technical skills. They need to find meaningful purpose, a sense of ethics, and the ability to connect products, people and communities,’ explains Veda Sunassee, ALCHE’s CEO. Welcoming students from over 30 African countries, the university boasts impressive results: more than 216 unique start-ups have been launched, creating 52,000 jobs, with 79% of graduates employed within six months.

‘The issue in Mauritius is not a lack of talent, but a mismatch between skills, tools and context,’ he notes—a gap bridged through hands-on learning and employer partnerships. ‘To make Mauritius a genuine land of opportunity, we need stronger local demand for innovation, regulatory sandboxes and residency pathways for international graduates,’ he concludes.

When AI Transforms Point-of-Sale Systems!

Like everywhere else across the globe, our island’s digital transformation is also underway. Some are enthusiastic, others still hesitant… Yet modernisation waits for no one. Philippe Méliet, founder and director of XL-ent, a Mauritian tech company specialising in digital point-of-sale solutions, decipher the sector’s changes in the age of artificial intelligence and new technologies.

Increasingly present in our lives, AI is an efficient and powerful tool just waiting to be integrated into business operations. ‘It enables the automation of complex tasks such as stock management, supplier orders, accounting or creating product/price databases,’ Philippe explains. Whilst some barriers remain, particularly amongst small retailers, he has also observed a marked acceleration in demand over recent months.

In his view, Mauritius’ various sectors—catering, hospitality, retail…—are largely catching up on lost ground—another step towards digital maturity! For this point-of-sale specialist, AI also plays a strategic role in POS (Point of Sale) systems, already functioning as a comprehensive management assistant that allows managers and teams to focus on their core business.

However, artificial intelligence is not limited to retailers’ internal operations: at XL-ent, it is also used to monitor thousands of tills deployed across the island in real time, enabling technical issues to be anticipated before they are even visible to teams. In 2026, the company also plans to launch, with iMin, the very first AI POS—a new generation of intelligent terminals capable of analysing, predicting and optimising commercial operations in real time, whilst managing both physical shop and online activity simultaneously.

Whilst digitalisation appears well underway, the key is supporting this change. ‘Moving from paper notebooks to digital POS requires genuine adaptation effort,’ he says. Having already trained over 2,500 Mauritians in using new POS technologies, the company aims to democratise digital by offering advantageous solutions tailored to the Mauritian context. ‘Digital is not a constraint; it is an opportunity. And artificial intelligence plays a fundamental role here—an evolution we support daily to make our clients’ lives easier,’ Philippe concludes.

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