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vendredi, octobre 4, 2024

Omi, ou la conversion à l’agriculture organique

Il y a deux ans, Omi Adjodah a surpris ses proches en décidant de se former à l’agriculture organique. Aujourd’hui, ce quadra audacieux boucle la première année de son exploitation, à Britania. L’occasion de tirer un premier bilan… 

La barbe lui dévorant une bonne part du visage, Omi semble cultiver le look «homme des bois» qui va bien avec sa nouvelle vie. Pour l’heure, il est surtout heureux de procéder à la récolte de ses giraumons. «Quand on voit le développement vertigineux du nombre des cancers, dont une bonne part est liée à l’agriculture conventionnelle, basée sur le rendement optimal grâce à l’apport massif de produits chimiques… Je suis fier de faire partie de ceux qui essaient de changer les choses.» Les fonctions assumées par les engrais, les pesticides et les herbicides industriels sont accomplies, ici, par la combinaison judicieuse de plantes complémentaires.

Omi Adjodah assure aussi la vente de ses légumes au marché.

 

Avec le soutien efficace des techniciens du FAREI

«Le ministère de l’Agro-Industrie avait déjà fait procéder à l’arrachage de la canne sur les parcelles. Alors, pour préserver la couche supérieure du sol, la plus productive, il fallait planter rapidement et ne pas laisser ce sol nu s’appauvrir. Du coup, je suis parti sur la culture de citrouilles  – giraumons – sur presque 3 arpents. La particularité de cette plante, c’est que c’est une plante filante, donc elle recouvre et protège plus facilement la terre. Et avec ses feuilles larges, elle permet à la terre de garder une certaine fraicheur. En parallèle, on a mis de la coriandre entre les autres plants de haricots verts, pour les protéger des lièvres, car la coriandre dégage un parfum qui les repousse. On a aussi mis des brocolis, choux fleurs, maniocs, anguives, concombres, calebasses, du gingembre et du basilic.» Pour le guider et le conseiller dans ses choix, Omi sait qu’il peut compter sur des techniciens efficaces: «les officiers du FAREI (Food and Agricultural Research Extension Institute), nous offrent un support technique essentiel, reconnaît-il, notamment par leurs recommandations contre les différentes maladies, pestes, insectes, etc..» Car la grande idée de cette approche de l’agriculture, c’est le retour à une forme d’équilibre… « On n’utilise absolument aucun produit chimique et nos engrais additionnels sont conformes aux critères de la culture organique et certifiés. On a mis en place des cultures de protection, des plantes comme le neem, le vétiver, les fleurs qui amènent les abeilles et qui assurent la pollinisation des légumes, mais aussi on attend de recevoir des jacquiers et des plants de fruit à pain qui seront plantés en bordure pour empêcher la contamination de nos légumes par les autres champs cultivés selon les méthodes de l’agriculture intensive. On prévoit aussi une certaine rotation des plantes pour permettre à la terre de se régénérer, et ainsi reproduire les nutriments consommés par les précédentes cultures. On applique des apports calcaires à la terre pour remonter son PH, qui doit en culture organique, tourner autour de 6- 6.2. Pour l’instant on en est à 5.6, donc encore un peu boulot à rattraper.»

La culture organique privilégie l’association de plantes complémentaires.

 

Une démarche peu comprise par les siens

Toutefois, et malgré son enthousiasme à partager cette expérience, Omi ne cache pas les difficultés rencontrées. «Dans mon entourage, et jusque dans ma famille, peu comprennent ce que je suis en train de faire. Quand je leur dis que je ne fais qu’une récolte quand un agriculteur appliquant les méthodes habituelles peut réaliser trois cycles complets, quand ils voient que je n’utilise aucun gros tracteur et donc que l’on doit passer plus de temps à travailler dans les champs et quand je leur explique que, à la fin, je gagnerai moins que celui qui ne respecte pas la terre… ils me disent de laisser tomber la culture organique.» Le regard perdu au loin, Omi Adjodah est perplexe : «Le gouvernement a déclaré vouloir convertir 50% de l’agriculture au biologique avant 2020! C’est bien. Mais, dans le même temps, ici, nous qui sommes les pionniers de cette nouvelle orientation nationale, on nous oublie: des engagements avaient été pris pour asphalter les routes d’accès, pour raccorder la zone aux réseaux d’eau et d’électricité, pour clôturer les parcelles, pour construire un centre d’information où les visiteurs apprendraient les règles de l’agriculture biologique… Rien de tout cela n’a été fait. Dans mon cas, le projet d’OT-GreenHouse organic Farm comportait des serres, un système de récupération des eaux de pluie, un compostage, un local qui devait servir de bureau-store-zone d’emballage… J’ai obtenu le financement… mais rien n’est encore décaissé, plus d’une année plus tard… Moi, avec mon épouse, d’origine scandinave, et le soutien de mes enfants, je m’accroche… mais d’autres ont déjà renoncé.» Heureusement, et même si c’est encore trop rare, deux commerces vendent les légumes d’OT-GreenHouse Organic Farm Ltd: à Floréal, on les trouve dans un «Coffee Shop» – à côté du National Store -, alors que dans le Nord, le supermarché Chez Popo a même créé un rayon spécial «Bio».

 

La Zone Organique de Britania

D’une superficie de 65 arpents, cette zone, appartenant anciennement à Omnicane, a été «réservée» à l’exploitation agricole biologique. Des exploitants, désireux d’expérimenter différentes méthodes de culture biologique, étaient appelés à se manifester auprès du FAREI (Food and Agricultural Research Extension Institute), afin de se voir attribuer une parcelle. OT Greenhouse Organic Farm Ltd, la compagnie fondée par Omi Adjodah, a bénéficié de 5 arpents, cédés à bail pour une durée de 7 ans.

Un changement de vie

Ancien propriétaire d’un centre de plongée, Omi Adjodah a toujours été sensible à la préservation de la nature. Un bouleversement familial l’a obligé à reconstruire sa vie. Apprenant l’existence de cours sur l’agriculture biologique, il s’y est inscrit. D’abord par curiosité… avant de vite se passionner pour cette approche raisonnée de l’activité agricole… jusqu’à en faire son métier!

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