18.6 C
Île Maurice
jeudi, octobre 3, 2024

Sofia Essaïdi, confidences d’une star…

Il y a 20 ans, la Star Academy 3 révélait au public la jeune Franco-Marocaine Sofia Essaïdi et ses performances vocales, desquelles elle ne s’est jamais départie. En témoigne le récital donné le mois dernier lors de la soirée de gala du festival Music & Wine 2023, aux côtés de l’excellentissime pianiste Michel Amsellem.

Également sous le charme des prestations cinématographiques de la jolie brune, je dois reconnaître qu’en cet instant, dans le contexte de l’interview, je le suis de sa sincérité !

L’échange qui s’installe rapidement est fluide, les réponses aussi spontanées que pertinentes ; je me régale. Alors, face à cette jeune femme de bientôt 39 ans, naturelle, avenante et encline à répondre à toutes mes questions, j’oublie que je suis avant tout en présence d’une grande artiste, à son aise sur toutes les scènes de sa vie.

Est-ce qu’être « une femme parmi les hommes » est plus facile dans le showbiz qu’ailleurs ?

N’ayant connu que ce milieu, je n’ai aucune comparaison possible, et ne m’engagerai pas sur les terrains du sexisme ou des inégalités. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que je suis fière des rôles que je choisis, qui donnent sa place à la femme ! Comme celui de Caroline Dewitt dans la saga historique Les Combattantes, qui cartonne ! On est heureux de faire rayonner le cinéma français à l’étranger, mais aussi d’avoir à l’affiche quatre femmes, le girl power (rires), ça me touche. Je ne sais pas si ça aurait été possible il y a quelques années, mais les choses évoluent, même s’il reste encore beaucoup à faire… De grandes actrices américaines, pour ne citer qu’elles, se battent encore pour l’égalité de rémunération homme-femme, par exemple !

En dehors de toutes celles que réunit votre métier, avez-vous d’autres passions ?

Je vis et traverse ma passion tous les jours ! (Ses yeux pétillent.) Je suis très épanouie, parce que la scène, la musique, la comédie, sont autant de portes d’entrée à une même passion, l’expression artistique ! Mais… (elle joint ses deux mains) depuis quelques années, j’ai un intérêt dévorant pour tout ce qui a trait au travail sur soi. Trouver sa place, se sentir bien dans son corps, est comme une quête de sagesse. Mais c’est aussi le travail d’une vie, finalement ! Cela permet la guérison, la compréhension, l’acceptation de soi… la libération intérieure. Je choisis des rôles où le chemin émotionnel est une libération. Ou pas, d’ailleurs (rires) ! Ce travail conduit à la liberté d’être qui on est, sans être esclave de ses blessures, ses émotions, ses croyances limitantes… (Sofia en parlerait des heures, sa ferveur est touchante.) Parce que même lorsqu’on a l’impression d’être libre, on ne l’est pas ! Nous sommes esclaves de réagir au lieu d’agir ! 

Le but est de trouver un socle… pour tout traverser, pour accepter les moments difficiles, vivre en harmonie, créer des liens sains avec les gens, sans notion d’appartenance – ne serait-ce qu’avec son conjoint –, baser sa vie sur la bienveillance, le respect. Ce chemin-là vers soi, vers une vie sage et plus sereine, c’est une passion absolue ! (Un large sourire illumine son visage.)

Y a-t-il une façon simple pour une femme de s’accomplir pleinement ?

On est épanouie lorsque l’on se connaît, que l’on est sur son propre chemin. Je ne dis pas que la démarche est simple, mais par exemple, moi, dans ma carrière de chanteuse, je n’étais pas épanouie. J’adore les projets de groupe, les albums multi-artistes… je n’ai jamais trouvé ma place en solo ! J’ai forcé, essayé de m’imposer, de prouver que j’avais des choses à dire… mais ça n’intéressait personne. J’étais face à un mur. Quand on n’est pas écoutée, pas reconnue… c’est dur… et on est malheureuse. Ce que je vais vous dire est classique, mais j’étais un peu la chanteuse incomprise. Et quand j’ai cessé le combat, enfin, j’ai gagné en énergie positive, pour me tourner vers le cinéma. J’ai pris un coach pour travailler la comédie, être légitime et j’ai décroché des rôles de plus en plus intéressants… qui me correspondaient. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris que j’avais trouvé ma place, que j’étais sur mon chemin. Depuis, je suis épanouie en tant qu’actrice.

Pas de grand retour à la musique, alors ?

Oh si ! Je reviendrai à la musique, bien sûr, mais avec amour et bienveillance, en faisant ce que j’ai envie de faire… Ceux qui voudront me suivre me suivront. Cet épanouissement dans la comédie, je suis persuadée que je le trouverai aussi dans la musique, parce que j’ai fait tout ce chemin pour y arriver, pour me débarrasser de mes douleurs, ma colère et ma rancœur. Avant, je réglais beaucoup de choses par le conflit, aujourd’hui, j’ai d’autres moyens de solutionner mes problèmes, d’autres armes. (Sofia paraît tellement sereine !)

Est-ce que la femme épanouie que vous êtes est encore en proie aux doutes ?

Pendant des années, j’ai eu énormément de doutes… mais des doutes bloquants, ceux qui empêchent d’avancer. Ce n’est pas bon ! En réalité, je trouve très bien de douter. Ça permet de prendre du recul, se poser des questions, se tourner vers soi… On a tendance à penser que j’ai confiance, mais je commence chaque film en doutant, en me disant que je ne vais jamais y arriver (elle porte ses mains à son visage), mais comme je travaille et prépare énormément chaque film, j’ai découvert que cela me donnait confiance. Et puis surtout, sur un plateau de tournage, ce travail en question est pour moi synonyme de respect ! Quand je vois le nombre d’acteurs qui se présentent le jour J sans connaître une ligne du texte ; quel manque de respect pour toutes les équipes ! Pour les auteurs qui ont bossé souvent pendant des années sur un script, pour les réalisateurs qui mettent parfois autant de temps pour faire aboutir un projet ! Je n’aurai jamais d’estime pour les personnes qui se permettent d’aborder les choses ainsi ! Parce qu’on a un nom, l’équipe de tournage doit se dire qu’elle a de la chance de nous avoir ? Ça, jamais ! Si je sais que je n’aurai pas le temps de travailler mon rôle, je refuse le projet. C’est une question de respect.

Les rêves de la gamine des années 2000

Mon enfance au Maroc a été extrêmement joyeuse. J’étais une ado avec des rêves plein la tête, plein le corps… ça débordait (elle fait de grands gestes en riant) ! Mes parents m’ont beaucoup préservée, protégée des douleurs de la vie… mais aussi conditionnée quant aux études qui étaient primordiales dans la famille ! On était voués à de grandes études ! J’ai fait ma première année à Paris Dauphine… et puis il y a eu la Star Ac’ qui m’a immédiatement emportée vers le succès. Durant six ou sept ans, j’ai renouvelé mon inscription par correspondance, en me disant que j’aurai forcément le temps de terminer mon cursus universitaire. Ça n’a jamais été le cas ! Vous savez, alors que j’étais en train de réaliser mon rêve, j’ai quand même dû faire une psychanalyse pour parvenir à arrêter mes études, pour me déconditionner du poids familial et sociétal !

 Les succès de l’artiste des années 2010

Jusqu’en 2014, tout explose, tout va très bien pour moi ! La comédie musicale Cléopâtre cartonne. Quel bonheur ! Toute petite, quand j’ai découvert ce genre théâtral qui réunissait mes trois passions, je pensais que c’était un métier et je voulais être « comédienne musicale » ! (Rires.) Et puis il y a le succès de la série télé Aïcha, mes deux NRJ Music Awards… (Elle redevient plus grave.) Mais c’est aussi le moment où je me dis que je veux faire de la musique toute seule et sortir un album. Et là… le mur en face de moi ! (Elle mime, j’ai l’impression moi aussi de me le prendre en pleine figure.) Le début de la difficulté, de la désillusion. Je ne comprends pas, car moi je me sens une artiste, mais pour mes équipes, je suis un produit. À cette époque, j’utilise beaucoup la force, le combat, pour faire passer les choses. Et je m’épuise ! En 2015, j’entame alors ce travail intérieur, libérateur, pour changer ma manière d’aborder le métier et surtout… arrêter la musique ! Pour un temps, en tout cas. Aujourd’hui, je veux faire des choses qui me parlent, me plaisent et me ressemblent profondément.

Les messages de la femme des années 2020

Je trouve magnifique d’être une femme, c’est une grande chance et j’en suis très fière. Il faut avoir foi en ça, en nous ! Je sais que c’est facile pour moi de dire ça, dans ma condition. Je trouve tellement triste ce que subissent toutes celles qui vivent dans des pays où la liberté est bafouée, je leur envoie tout mon amour… (Sofia est secouée.) On a tous – homme ou femme – en nous la force de prendre ce chemin vers soi… mais on n’y a pas tous accès ! Je suis de nature très positive, optimiste, je vois toujours l’avancée des choses… alors mon message serait peut-être de rêver le plus fort possible, parce que quand on rêve fort… ça se réalise, croyez-moi ! Et toutes les gamines qui rêvent, justement, je les incite à se dire : « Je peux être qui je veux et avoir la place que je mérite ! »

Au bout d’une heure, Sofia est en retard pour son soin en réflexologie, mais ne regrette pas une seconde de m’avoir consacré plus d’une heure de son temps. Moi non plus, c’est certain ! Elle conclue sur l’accueil et le service impeccable du Constance Prince Maurice ; elle y tient. « J’ai vraiment été choyée. Au-delà du luxe, il y a dans cet endroit un côté humain qui passe avant tout, une âme… Ça me touche, parce que c’est loin d’être le cas partout ! Je reviendrai, sans aucun doute, car c’est ce que j’ai vraiment aimé ici ! Tout comme l’extrême gentillesse des Mauriciens, à la hauteur de leur réputation ! On me l’avait dit à Paris, mais c’est une réalité ! »

On s’embrasse, je la regarde rejoindre le spa en accélérant le pas et regagne ma voiture… un joli sourire aux lèvres. À la fois heureuse d’avoir « percé » Sofia… et frustrée de ne pas avoir poursuivi l’échange – sans magnéto ni questions – de femme à femme… qui auraient probablement encore tellement de choses à (se) dire.

Related Articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

SUIVEZ-NOUS

20,998FansJ'aime
468SuiveursSuivre
420SuiveursSuivre
186AbonnésS'abonner

PUB

- Advertisement -spot_img

DERNIERS ARTICLES