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vendredi, novembre 8, 2024

Un budget orienté sur la consommation

Comme chaque année, la préparation, puis l’annonce du budget de l’Etat, ont suscité de nombreuses analyses, réactions et commentaires. Si toutes les mesures prévues dans cet exercice budgétaire n’ont pas encore été complétement et définitivement précisées, l’écume est, en grande partie, retombée. Il devient donc possible d’aborder sereinement un budget dont on nous a dit, tour à tour, qu’il était « social » et « inégalitaire »…

Bien avant la présentation officielle du projet de loi budgétaire, tous les commentateurs avisés avaient formulé une remarque d’ordre politique, mais tout à fait pertinente, et dont l’influence sur le contenu des mesures envisagées n’est sûrement pas à négliger : le Ministre de l’Economie et des Finances n’étant nul autre que le Premier ministre, lui-même, ce budget l’engage, politiquement et profondément! Et c’est sans doute dans cette « personnalisation » qu’il faut chercher l’origine de ce que la presse a parfois qualifié de «cadeaux»… comme le refus de l’augmentation des prix des produits pétroliers et des cigarettes.

Pour la même raison, la proposition de cession de la nationalité mauricienne aux étrangers acceptant de payer un million de dollars américains pour acquérir le passeport local, est venue fragiliser la position du chef du gouvernement. Il passe pour avoir mal évalué l’indignation provoquée par ce qui est souvent perçu comme une « braderie » de l’identité nationale…

Afficher une politique de redistribution

Mais c’est bien sur les grandes orientations économiques que Pravind Jugnauth était le plus attendu…

Le cabinet de conseil financier Grant Thorton a été parmi ceux qui ont souligné, avec le plus de clarté, l’attention portée aux catégories sociales que l’on pourrait qualifier de « classes moyennes ». Le rabotage de la taxe imposée sur les revenus intermédiaires (de Rs 305 000 à Rs 650 000/annuels), qui passe de 15 à 10% en est l’illustration la plus évidente. De même, la protection renforcée accordée aux clients des crédits à la consommation bénéficiera d’abord à cette tranche de la population. On notera, bien que cela n’ait pas été clairement exprimé pas les analystes, que cette approche pourrait s’apparenter à une volonté de dynamiser l’économie nationale par un « dopage » de la consommation…

De même, la création d’un « impôt négatif » s’appliquant comme une prime de Rs 100 à Rs 1000 aux plus bas salaires, outre le gain politique que peut en espérer le gouvernement, pourrait avoir un impact visible sur le commerce. Alors que la surtaxe « de solidarité » de 5% des plus hauts revenus, si elle a peu de chances de freiner les dépenses de ces contribuables, accrédite la thèse d’une politique de redistribution.

On notera également que le secteur de la construction connaissant un net essoufflement, le budget prévoit que les banques pourront désormais financer intégralement un projet immobilier (contre un maximum de 90%, jusque-là)… et si l’on y ajoute le coup d’accélérateur donné aux « smart Cities », cela pourrait bien apporter un peu d’air frais à ce secteur.

La naissance du EDB salué par le secteur privé

D’un point de vue stratégique, la création d’un organisme calqué sur le modèle singapourien, l’Economic Development Board (EDB) visant à donner une plus grande réactivité à l’administration dans la définition des axes de développement et dans l’application de la politique économique est saluée par le secteur privé. Il s’agissait d’ailleurs d’une proposition de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Cédric de Spéville, le président de l’association Business Mauritius a également marqué sa satisfaction de voir se créer un comité interministériel sur le Sucre.

Les enjeux de la « Nouvelle économie »

Prenant en compte les incertitudes pesant sur l’Off-Shore et les pressions internationales sur le secteur mauricien des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), le gouvernement entreprend de réformer complètement ces secteurs, notamment pour les mettre en conformité avec les règles de l’OCDE. L’off-shore va donc se voir plus étroitement encadré et les droits d’auteurs mieux pris en compte. Dans le même temps, et pour préserver les chances de développement d’une « nouvelle économie », un climat favorable sera instauré pour l’éclosion d’un secteur d’activités lié à l’intelligence artificielle.

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