L’archipel en moi, troisième et dernier livre de Nitish Monebhurrun, est une magnifique invitation à la réflexion sur le lien entre religion et société à Maurice. Comme à son habitude, l’auteur installé au Brésil – néanmoins fidèle à son pays – part de son vécu pour proposer une réflexion tout à fait passionnante. Dominique Bellier
« J’avais dix ans quand je découvris que je n’étais plus hindou. » Un petit livre de 95 pages qui commence comme ça promet de vous tenir en haleine jusqu’au dernier mot… Avec sa jolie couverture de Joëlle Rosalie Baya, qui a récemment exposé chez Imaaya, L’archipel en moi ne raconte pas simplement les aventures d’un adolescent mauricien en butte à sa religion, mais surtout les réflexions que ce choix a amenées en lui depuis lors, sur son pays et sur la vie en société.
La religion structure largement la société mauricienne et, lors de sa scolarité, le petit Nitish a dû par exemple cesser d’apprendre l’hindi, car ce cours entrait en conflit avec sa décision de ne plus pratiquer l’hindouisme. Il commençait par une prière et les références religieuses étaient permanentes. La pression familiale et sociale s’est aussi manifestée de diverses manières, à travers des arguments et parfois des stratagèmes déconcertants pour ramener l’enfant sur le « bon » chemin.
Remettant sa foi en question, Nitish se détache de sa communauté d’appartenance, étroitement associée à une religion, et construit lui-même son identité. Entretemps, l’auteur a étudié le droit international, qu’il l’enseigne à Brasilia. Devenu écrivain voyageur polyglotte, en nous racontant cette histoire, il transforme son expérience en outil de réflexion sur la mauricianité et sur l’art de vivre paisiblement sans religion… Quel genre de citoyen devient-on à Maurice sans le filtre de la religion ?








