Vengeresses, ou l’autisme vécu de l’intérieur

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En publiant Vengeresses, Peggy-Loup Garbal libère une parole aussi rare que précieuse et rend justice aux personnes souffrant d’un handicap invisible, l’autisme Asperger dans son cas. Dans ce roman haletant, deux sœurs jumelles autistes se vengent de ceux qui leur ont infligé souffrances et humiliations. Ces actes de vengeance fictifs éclairent des maltraitances bien réelles, quand on est à la fois femme et autiste… Dominique Bellier

Vengeresses raconte le périple en train, du nord au sud de la France, de sœurs inséparables, qui ont pris la poudre d’escampette pour punir un à un ceux qui les ont maltraitées, de Pantalon le violeur au juge qui les a séparées d’une famille d’accueil « trop aimante », en passant par une rombière aux répliques outrancières…

Cette trame narrative crée le suspense et pimente le roman, mais son caractère captivant tient tout autant à la maturité intellectuelle et stylistique de l’autrice, et à ce qu’elle nous apprend de ce handicap invisible, qui bouleverse la relation à autrui et à son environnement. Peggy-Loup expliquait au récent Festival du livre de Trou d’Eau Douce que ce syndrome lui fait craindre de ne pas retrouver son chemin et même de ne pas reconnaître ses enfants à la sortie de l’école. Il rend hypersensible aux bruits ou aux odeurs, modifie la perception des distances, fait perdre l’équilibre, rend insomniaque…

À trois ans, Peggy-Loup savait lire mais elle ne parlait pas, comme sa sœur qu’elle appelle « son double et sa moitié ».  Ce roman souligne la puissance et l’importance du lien de gémellité qui unissait ces fillettes silencieuses pendant les années difficiles. Chez l’une comme l’autre, le diagnostic, arrivé bien trop tard, n’a pas permis au haut potentiel de s’exprimer, faute d’une détection à temps. Quel gâchis !

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