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Île Maurice
vendredi, mars 29, 2024

France-Maurice, trois siècles d’attachement

Le mois de juillet n’est-il pas celui des Français, car mois de fête nationale? Démarche délibérée, c’est dans ce numéro que La Gazette a souhaité mettre en lumière et donner la parole à la communauté française, la diaspora étrangère la plus importante de Maurice avec ses 15 000 ressortissants.

Si vous vous référez à la rubrique Histoire de ce numéro, vous apprendrez de quelle façon un jour d’août 1810, la bataille franco-anglaise de Grand Port a été l’antichambre de la capitulation du dernier gouverneur français, le Général Decaen, qui sera contraint le 2 décembre 1810 de plier devant les forces supérieures de l’ennemi. L’Isle de France, débaptisée deviendra anglaise jusqu’à son indépendance en 1968, mais en dépit de ces 150 ans de colonisation britannique, l’attachement à la France ne faiblira pas. Est-ce parce que les Anglais ont fait preuve de « fair-play » en s’engageant à respecter la langue française, les pratiques religieuses et les coutumes en vigueur sur l’île…?

Armand Maudave, ancien diplomate mauricien et actuel président de l’Amicale Ile Maurice-France, écrivait que « le Mauricien au XIXème siècle avait atteint un développement social, culturel et économique d’une telle ampleur que l’influence de l’occupant anglais sur lui demeura superficielle »*.

La survivance de la langue française est sans doute l’incarnation la plus directe de la force du lien tissé avec la France depuis 1715. Soutenue par l’Alliance Française, enseignée dans les cinq écoles françaises de l’île, et véhiculée par la plupart des titres de presse, elle a remisé l’anglais, après le créole dans le cercle privé, dans les familles et entre amis.

D’abord la culture comme clé de voûte

Service de coopération et d’action culturelle, Centre culturel d’expression française, Institut Français de Maurice…etc, l’île a vu fleurir de nombreux organismes à vocation culturelle et il s’agit bien d’un élément révélateur de l’attachement à la France, à sa langue. Avec plus de 2000 m2 dédiés à la culture française et une programmation artistique de qualité, l’IFM, un espace de rencontres, de partage fait preuve de grand dynamisme. Pas une quinzaine, sans qu’il y ait une exposition, une projection à voir, une conférence, un débat, un concert, à entendre, un atelier à expérimenter. Outre sa mission d’acteur culturel par le biais de toute forme d’expression artistique, l’IFM c’est aussi une médiathèque abritant plus de 30 000 titres, un centre de formation dédié aux personnes désireuses de se perfectionner en français, ainsi que Campus France, un service pour conseiller et accompagner dans leurs démarches, les candidats aux études en France.

L’usage de leur langue sur ce confetti de terre situé au-dessus du tropique du Capricorne explique que de nombreux Français se portent candidats à l’expatriation à Maurice, un atout séduction placé sur le même plan que son statut d’île tropicale – de la qualité de vie en découlant – et ne pas se mentir, des avantages fiscaux que l’on peut en retirer. Que sont donc venus faire ces 15 000 Français – sur ce chiffre, l’Ambassade de France estime que 3000 ne se sont pas faits connaître auprès des services consulaires – en terre mauricienne? La fuite d’une Europe vieillissante, chicanière, en fin de cycle et au futur incertain? Et de ce fait, la recherche d’une autre qualité de vie pour ses jeunes enfants qui pousseraient tellement mieux au soleil? Un rêve exotique venant couronner l’achèvement d’une vie de labeur? Ou l’envie de lancer une affaire dans la perspective d’un avenir plus confortable? Finalement, comme recueilli auprès de nos quatre Français – lire par ailleurs – à chacun son graal.

L’immobilier comme élément incitatif

A la recherche d’un nouveau souffle économique pour répondre à une industrie sucrière en déclin et un secteur touristique en proie à la mondialisation et de fait, à une concurrence féroce, Maurice se voit contrainte d’innover pour attirer les capitaux étrangers et rester compétitive sur le plan économique. Parmi la batterie d’outils mis au point et déployés par les autorités mauriciennes, les programmes immobiliers spécifiquement dédiés aux non citoyens – IRS/RES devenus PDS en 2015 -, ont largement favorisé l’expatriation au début des années 2000. Les étrangers ont pu devenir propriétaire d’un bien, en contrepartie d’un permis de résidence qui autorise la domiciliation fiscale à Maurice, sachant que tous les impôts et taxes y sont avantageusement plafonnés à 15%. Ces dispositions ont été élargies le 20 décembre 2016 par une loi votée par l’Assemblée nationale – le Non-Citizens Property Restriction (Amendement) Bill. Par celle-ci, tout non citoyen avec ou sans Occupation Permit peut désormais acheter un appartement à condition qu’il soit situé en copropriété et comporter au moins deux étages, avec l’approbation préalable du Board of Investment. Le cabinet Bradley Hackford, spécialiste de l’expatriation internationale a sorti son classement 2017 des pays les moins fiscalisés du monde où l’île Maurice se place en 7ème position. D’après le rapport AfrAsia Bank Africa Wealth Report 2017, le nombre de millionnaires en dollars américains vivant à Maurice a augmenté de 230% ces dix dernières années. Un chiffre qui place l’île Maurice au rang de pays le plus performant en Afrique quant à la croissance du nombre d’individus à hauts revenus. Si le pays présente en effet un fort intérêt pour les personnes vivant de leur patrimoine et pour les entrepreneurs, on a tendance à occulter, à tort, la part des détenteurs d’un Occupation Permit, dont 2000 Français en 2016. Sur la totalité des détenteurs d’un permis de résidence ou d’un Occupation Permit cette même année, 32% sont Français, 22% Indiens, 11% Sudafricains, le reste étant réparti entre diverses autres nationalités.

Des plateformes d’accueil qui font leur preuve

Christine Walter

Et une fois sur place? Jean-Jacques Maizaud, consul de France à Maurice – lire par ailleurs – recommande fortement aux fraîchement arrivés de se rapprocher de plateformes d’accueil francophones à caractère professionnel – la CCIFM qui a fêté ses 10 ans l’année dernière – ou autre. Les deux associations francophones que sont Maurice Accueil à Grand Baie pour le Nord et Tamarin Accueil dans l’Ouest ont pour vocation d’accueillir les nouveaux afin de les orienter dans leur recherches – logement, école, loisirs, etc…- et par là, de participer à leur intégration Tamarin accueil présidée par depuis 8 ans, enregistre entre les départs et les arrivées annuelles, une moyenne de 250 adhésions. Entre les idées sortie, les ateliers hebdomadaires, les apéros plage, les cafés rencontre fixés chaque premier jeudi du mois, les membres ont à disposition de nombreux moyens de se retrouver pour faire un partage d’expériences ou tout simplement partager un bon moment.

« Pourquoi avoir associé le terme de francophone à notre association, simplement parce que le but premier visait à échanger en français. Nos membres qui sont d’ailleurs à 90% de nationalité française, sont en majorité représentées par les épouses, inactives par la force des choses, car non autorisées à travailler. Les maris accompagnent ensuite leurs femmes dans le cadre des apéros plage organisés en fin de journée ou du diner dansant annuel », relate la présidente.

On y adhère résume t-elle soit pour profiter des petites annonces, une offre très prisée, soit pour créer le lien entre mamans, entre jeunes femmes actives, entre sportives…ect. Prendre conseil pour une intégration réussie devrait faire partie du petit manuel de l’expatrié si celui-ci devait voir le jour. Les portes auxquelles frapper pour trouver le soutien ne manquent pas. Union des Français à l’étranger, Association des Français à l’étranger, les association des parents des écoles françaises pour ne citer que ces plateformes associatives sont autant de tremplins nécessaires pour trouver sa juste place sur sa terre d’adoption.

Le poids de la france en quelques chiffres

*Rs 4,5 milliards d’investissements français à Maurice, 13,6% des exportations vers la France, premier pays en nombre d’entreprises implantées avec près de 150 filiales en joint-venture, 13 000 salariés engagés par les entreprises françaises, 2000 Français détenteurs d’un Occupation Permit évoquent le poids de la France en terre mauricienne. * Source BOI

*Dans sa préface du catalogue de l’exposition Isle de France Ile Maurice 1715-1978 organisée par ses soins au Palais de Chaillot à Paris d’octobre à décembre 1978.

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