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samedi, avril 20, 2024

Le bel envol du trail à Maurice

Le 13 décembre, à l’hôtel Hennessy Park, à Ebène, l’association Rando Trail et Nature récompensera tous ceux qui ont concouru à la réussite de la saison de trail qui vient de s’achever. Jean-Marc Rivet, le président de l’association, constate, avec bonheur, que son sport gagne chaque année un peu plus d’adep-tes et enregistre d’importants succès…

A peine avons-nous engagé la conversation que Jean-Marc Rivet laisse éclater son enthousiasme en annonçant la performance exceptionnelle d’une Mauricienne aux Championnats de France: «Marie Perrier a fini première! Elle n’a pas le titre de championne, parce qu’elle n’a pas la nationalité française… mais elle a gagné le championnat féminin de trail court!» Court ? 40 kilomètres, tout de même! Une sacrée performance, donc. Mais pour JM Rivet, ce n’est que le début: «Nous avons aujourd’hui des coureurs qui ont atteint un excellent niveau et qui ont l’expérience des rendez-vous internationaux. Simon Desvaux, même s’il n’est plus très jeune (37 ans) a la carrure pour terminer dans le top 10 du Grand Raid de La Réunion. Vishal Ittoo, malgré ses 42 ans, réussit régulièrement de très bonnes performan-ces…et puis il y a beaucoup de jeunes qui progressent très vite et peuvent rapidement espérer faire parler d’eux… Je pense, par exemple, au Rodriguais Jean-Will Smith et à bien d’autres. Je suis certain que, bientôt, des Mauriciens se feront remarquer sur les plus grandes courses internationales.» D’autant que, depuis quelques années, les coureurs locaux n’ont plus peur de sillonner la planète: un Mauricien a couru en Croatie, un autre en Islande et de très nombreux Mauricien(ne)s prennent part à l’une ou l’autre des trois courses majeures du calendrier réunionnais (dont le Grand Raid, l’ancienne Diagonale des Fous!)

La jeune génération s’avère particulièrement prometteuse!

Et le jeune président ne plaisante pas! Voila un sport encore inconnu sur notre île, il y a moins de 20 ans, et qui a su séduire un grand nombre de pratiquants, au point de faire émerger, chaque année, des athlètes exceptionnels, capables de rivaliser avec les spécialistes étrangers… Quel est donc le secret de la réussite du trail à Maurice?

Le trail peut aussi se pratiquer en famille.

En s’impliquant, les acteurs économiques ont favorisé l’essor de la discipline

A première vue, on pourrait se dire que l’île à tout pour être l’un des territoires sacrés du trail: des paysages à couper le souffle, de grandes régions rurales, un climat propice, des dénivelés de toutes catégories… Mais les clôtures infranchissables qui délimitent les propriétés privées (et notamment les grands domaines fonciers) ont longtemps bloqué toute tentative de course au long cours. Le déclic est venu avec l’implication d’acteurs économiques importants.

«Certains s’y sont engagés pour donner une image ‘sport & nature’ à leur compagnie, d’autres pour faire du business… mais ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est qu’ils s’y sont vraiment engagés, qu’ils font un travail remarquable et que, grâce à eux, et à notre association, le trail séduit de plus en plus de Mauriciens et attire de plus en plus d’étrangers!»

En quelques années de pratiqque, Maurice a pu voir d’authentiques champions se révéler.

Le groupe hôtelier Beachcomber a ainsi été l’un des premiers acteurs du développement du trail à Maurice. Racing Republic, du pôle Leisure de Heritage, est un autre acteur essentiel de l’essor de ce sport. Le groupe Ciel, pour lequel travaille Jean-Marc Rivet, organise le Ferney Trail. L’association Rando Trail & Nature travaille en étroite collaboration avec toutes ces structures. Par sa nature associative, faisant donc appel au bénévolat, Rando Trail Nature n’a pas la même philosophie, mais travaille en étroite collaboration avec les autres structures. «Notre spécialité, explique le président de l’association, c’est la course grand public, où l’on peut venir courir en famille, et où même les enfants ont leur parcours. Les frais d’inscription sont à Rs 200 et, du coup, cela reste accessible au plus grand nombre. Beaucoup de coureurs ayant atteint aujourd’hui un très bon niveau, ont commencé comme ça. Ca leur a plu, alors ils se sont donné les moyens d’améliorer leurs performances, de courir plus longtemps et plus vite… avant de s’inscrire sur des courses plus prestigieuses comme le Heritage Trail ou le Royal Raid.»

Aujourd’hui, toutes courses confondues, la saison comporte pratiquement une course par mois… un calendrier particulièrement étoffé, et qui devrait permettre de révéler encore bien des athlètes!

Jean-Marc Rivet, Président de l’association Rando Trail & Nature.

«J’ai souffert sur Le Grand Raid»

Trois ans! C’est le délai que s’étaient fixé Jean-Marc Rivet et son frère cadet pour atteindre un niveau suffisant, avant de pouvoir envisager de faire Le Grand Raid, à La Réunion. Cette épreuve mythique, est classée comme l’une des cinq courses les plus dures au monde! Pari réussi, pour le président de Rando Trail et Nature (alors que son frère a du renoncer à prendre le départ, pour raison de santé).

«Quand on prend cette décision, on ne réalise par vraiment tout ce que cela implique. On se dit simplement, je vais m’entrainer souvent pendant trois ans… en fait, c’est un vrai changement de vie. Quoiqu’il arrive dans notre vie personnelle ou professionnelle, on doit continuer à s’entrainer. Donc, petit à petit, tout tourne autour de cette préparation.»

Puis vient le grand jour, celui du départ… «Là, tout d’un coup, on réalise où on est et ce que l’on s’apprête à faire! On est 2500 et on va s’élancer pour traverser La Réunion en courant… c’est fou! Mais on ne peut plus faire demi-tour… Alors on y va…» Pour JM Rivet, tout s’était à peu près bien passé sur les cent premiers kilomètres. «On passe par tous les états psychologiques. Des moments d’euphorie totale… puis d’abattement, et même d’hallucination. A partir du centième kilomètre, j’étais blessé et j’ai énormément souffert pour arriver au bout. Le médecin que j’avais consulté à une étape, m’avait dit que je ne pourrais sans doute pas finir la course… J’ai fini en 55 heures, mais j’ai fini. J’en suis sorti transformé, c’est une expérience unique, une école de vie. Et le public réunionnais, qui passe toute la durée de la course, même dans la montagne à nous encourager, est fabuleux. Mais, c’est vrai, j’ai souffert sur Le Grand Raid.»

L’effort se gère seul, dans le plaisir ou la souffrance…

Des lacunes dans l’accompagnement des coureurs

Malgré le développement rapide du trail à Maurice, Jean-Marc Rivet formule de sérieuses inquiétudes pour l’avenir de son sport. Si de plus en plus de coureurs mauriciens parviennent à un niveau international, ils ne bénéficient d’aucun soutien. «C’est un sport redoutable pour le corps. Arrivé à un certain niveau, l’entrainement ne suffit plus. Il faut prendre en compte la nutrition, avoir une vraie discipline de vie et avoir accès à des soins particuliers, et notamment des massages spécifiques… Rien de tout cela n’est prévu ici. Nous n’avons pas de coach et si un coureur consulte un nutritionniste ou se fait masser, c’est à ses frais. J’ai peur que cela freine l’émergence de grands talents !»

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