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Île Maurice
jeudi, avril 25, 2024

Le Centre, cœur battant de Maurice

Cette année, La Gazette a décidé de revisiter Maurice. En mars, la série « Saga des régions » redécouvrait le Nord. Nous poursuivons en août en parcourant le Centre pour en dévoiler les richesses…

Les générations qui ont construit Maurice n’avaient pas comme souci premier de se prélasser au soleil ! Loin des plages et des hôtels de luxe qui font les clichés récents de Maurice à l’étranger, le Centre en est son cœur patrimonial et économique sans lequel le pays serait un corps dévitalisé.

On ne peut comprendre Maurice si on ignore son Centre. On ne pourrait profiter de ses bonheurs côtiers si ne s’activait un réseau humain, administratif et entrepreneurial qui nourrit de son énergie une complexe et centrale machine socio-économique.

Outre les agglomérations urbaines fourmillantes, le Centre renferme des sites culturels et naturels incontournables et des paysages grandioses.

Prétendre connaître Maurice impose de découvrir ou redécouvrir au moins trois définitions du cœur battant de l’île.

Un Centre urbain et dynamique

Ce n’est pas par hasard que la ligne de Metro Express parcourt essentiellement le centre de Maurice en partant de Port Louis pour aboutir dans un avenir proche à Curepipe. Ses millions de passagers incarnent le caractère urbain et économiquement dynamique de la région Centre. Excepté Port Louis, c’est en effet ici que se trouvent les plus grandes villes du pays.

Beau Bassin-Rose Hill, fusion contrainte de deux communautés en forte croissance démographique. 111 000 habitants font de cette ville tentaculaire le second bassin commercial de l’île. L’histoire de l’agglomération remonte à l’administration française dont témoignent le marché, la chapelle et l’église Sainte Anne ou le théâtre du Plaza. Rose Hill est également un pôle culturel essentiel animé magistralement par l’Institut Français de Maurice !

Fondée en 1895, « la ville des fleurs », Quatre Bornes, environ 80 000 habitants, est connue pour ses commerces, son marché aux vêtements et sa foire aux produits mauriciens typiques… Preuve de sa vitalité économique, cette ville accueillit le premier mall commercial de l’île : la City Trianon, connue pour ses magasins spécialisés, son foodcourt chaleureux et son cinéma.  Quatre Bornes est également tournée résolument vers le futur puisque l’un de ses quinze quartiers est la fameuse Cybercité d’Ébène, technopole abritant banques, services administratifs et entreprises de pointe !

Vacoas-Phœnix, autre ville-jumelle depuis 1963, comprend 110 000 habitants, de nombreuses industries parmi lesquelles la brasserie de la fameuse bière Phœnix, les conserves de légumes, la fabrication de cosmétiques et la production textile. Un vaste centre commercial, le Phœnix Mall, accueillit en 1994 le premier hypermarché du pays et prodigue par ailleurs, pour les fans de shopping, plus de 55 boutiques de marques locales et internationales.

Curepipe, forte aujourd’hui de 84 000 habitants, est la ville la plus élevée de l’île, appréciée pour ses pluies et sa fraîcheur par des Curepipiens lui vouant un amour singulièrement passionné. Fondée par les Français fuyant la malaria sévissant à Port Louis en 1867, elle fut surnommée « la Ville Lumière », première de l’île pourvue en électricité dès 1889. Ses jolies demeures créoles lui confèrent encore son charme si particulier. Un magnifique jardin botanique expose sur deux hectares des essences exotiques rares, bois d’olive, bois de natte et autres tambalacoques… Quant à l’esprit français, il flotte toujours sur Curepipe au lycée La Bourdonnais, excellent établissement d’enseignement français ouvert à tous !

Quartier résidentiel de la ville, Floréal, connu pour son impressionnant cratère volcanique de 605 mètres de haut, Trou-aux-Cerfs, abrite un musée du textile et un joyau médical de classe internationale : la clinique Darné ( à présent C-Care Clinic) est un des fleurons du système privé de santé à Maurice.

Le second district du Centre tire son nom de Moka, un village qui n’en finit pas de grandir et présente peut-être la figure urbaine du Maurice du futur. Le 18e siècle l’a célébré pour sa culture du café importé du Yémen, le 21e siècle y adoube, par l’entremise du groupe ENL et dans le respect de la nature et de son patrimoine culturel, Moka Smart City et ses centres d’affaires dynamisés par les nouvelles technologies ! On notera précieusement qu’un autre fleuron médical de l’île est installé sur le district : le Wellkin Hospital (C-Care Wellkin), le plus grand hôpital privé du pays propose expertise et technologie de niveau international.

Avant même le développement de la smart city, Moka et son district étaient le foyer d’un dynamisme économique et intellectuel certain. En témoignent différents lieux emblématiques : Bagatelle, le plus grand mall commercial de Maurice, vaste ensemble élégant et décontracté accueillant, indoor et outdoor, une belle diversité de boutiques, un supermarché, des restaurants et un cinéma. Le district avait accueilli dans des bâtiments flambant neufs, dès 2011, la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). Se trouvent également là le siège de l’Université de Maurice, des établissements supérieurs privés de renom tels le Charles Telfair Campus, auparavant Institut Charles Telfair ou, pour les futurs universitaires, le lycée français des Mascareignes…

Un Centre au riche patrimoine historique et culturel

À Beau Bassin-Rose Hill, il faut découvrir le jardin Balfour et ses parterres de fleurs colorés, ses jeux pour enfants et sa cascade dont le son berce tranquillement le Thabor, beau bâtiment blanc conçu en 1834, ou encore l’église St-Thomas et l’église du Sacré-Coeur, construites à l’orée du 19e siècle.

l’Hôtel de Ville de Curepipe est en réalité La Malmaison, superbe demeure démontée en 1903 de son emplacement originel à Moka pour être replacée là, en face de la statue des mythiques Paul et Virginie. À voir aussi, un monument aux morts de la guerre 14-18 rendant hommage à un poilu français et un Tommy anglais, la bibliothèque Carnegie construite dans le style néoclassique anglais à côté de l’hôtel de ville en 1917, les chics Arcades Currimjee, le collège royal, l’église Sainte-Thérèse…

Au sud de Curepipe, il faut assister au spectacle impressionnant du pèlerinage au lac sacré des Mauriciens de foi hindoue, Grand Bassin ou Ganga Talao, lors de la fête de Maha Shivaratree.

Pour rester plongé dans la dense histoire indienne, on redescendra vers Moka visiter, dans l’enceinte du Mahatma Gandhi Institute, le musée populaire des immigrés indiens recrutés dès 1835 pour travailler dans les champs…

Et puisque l’on est à Moka, l’occasion est belle d’admirer des demeures coloniales au charme désuet et de faire un retour imaginaire vers le 19e siècle.

Ainsi en est-il de la maison Eurêka, acquise par la famille Le Clézio en 1863 et évoquée par le prix Nobel de Littérature dans « Voyages à Rodrigues ».

Surprise ! C’est le nom de cette demeure construite en 1865 aux premières structures en métal issues de la révolution industrielle.

« Les Quatre Vents » est une autre demeure au style mauricien typique construite vers 1860, murs chaulés, toit noir bitumé et volets bleus.

Guetter aussi, le long de la route principale menant à Saint Pierre depuis Moka, caché par de grands lataniers, le Château Trompette construit en 1870.

Il est temps de s’éloigner des zones urbaines et découvrir le sud du Centre, plus agricole, en parcourant la route du thé. On part du Domaine des Aubineaux et sa confortable maison coloniale à la sortie de Curepipe, on descend vers Bois Chéri, son usine, son musée, ses collines à thé et enfin Saint Aubin où l’on déguste à l’envi des thés noirs aromatisés au coco, aux fruits exotiques, à la bergamote, au citron ou à la vanille…

Ces instants campagnards préparent à la troisième définition du Centre…

Un Centre aux paysages verdoyants et grandioses

Maurice, île volcanique, a parsemé dans le Centre montagnes, collines et vallées verdoyantes offrant des panoramas à couper le souffle. Randonnées, escalades, canyoning, loin de l’agitation des villes, c’est aussi ça, le Centre ! Le Pouce, situé dans les montagnes de Moka, et ses 811 mètres de haut ou, un peu plus loin, le Pieter Both et son drôle de rocher au sommet semblant en équilibre instable, invitent à la grimpe… non sans guides spécialisés, avec cordes, harnais et casques. Là-haut, la vision à 360° embrassant toute l’île d’un regard est inoubliable.

Si l’on est moins sportif, une multitude de promenades resteront elles aussi exclusives, prodiguant parfois le sentiment inouï d’assister au premier jour de la naissance du monde, comme aux Sept Cascades de la région de Vacoas.

La partie sud du plateau central est extrêmement boisée. Passé Curepipe et Mare aux Vacoas, principal réservoir d’eau douce de l’île, on peut courir la zone de Plaine Champagne et ses forêts. Plusieurs sentiers de randonnées balisés, Pétrin, Macchabée ou Mare aux Joncs, par exemple, font tout oublier des fracas de la planète et aboutissent parfois aux impressionnantes gorges de la Rivière Noire.

Ces quelques pistes rendent peu compte de l’immensité du Centre de notre petite île et de ses beautés infinies, mais on ne peut écrire ici une encyclopédie qui seule en épuiserait tous les trésors… Quoi qu’il en soit, on espère avoir convaincu le lecteur de quitter parfois son transat et sa plage pour entendre battre le cœur de Maurice !

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