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Île Maurice
lundi, octobre 14, 2024

Oui, les grands groupes locaux soutiennent l’Art!

Un artiste ne peut rayonner sans public et sans soutien. Et il va sans dire que jusqu’à présent et, de plus en plus, la valorisation de l’art, plus spécifiquement les arts plastiques et la musique vient du secteur privé. Une posture qui se structure d’année en année.

Un pays ne peut progresser sans culture. Et même l’Entreprise dont le but premier vise à faire du profit ne peut l’ignorer. Nombre d’entre elles intègrent désormais dans leur budget de communication annuel – mais nous ne saurons rien des montants imputés à leur rôle de mécène – la part venant soutenir les artistes. Pour illustrer le propos, quelques exemples… Ainsi, Rogers Capital qui veut s’inscrire dans une démarche de mécénat à long terme s’associe pour la 3ème année consécutive à The Third Dot – Transpozision, exposition en cours ce mois-ci, de Gaël Froget . Le hasard faisant bien les choses, Rogers Capital dit avoir trouvé en Alicia Maurel et Laetitia Lor, fondatrices de The Third Dot, les partenaires idéales pour l’accompagner dans son désir

« de professionnalisation et de démocratisation de l’art mauricien. Nous expliquons notre action a travers les mots du peintre Edgar Degas que sont, “L’art n’est pas ce que vous voyez, mais ce que vous faites voir aux autres”. L’Art, comme la connaissance ou sous un autre vocable, l’expertise, n’a d’impact, de valeur que dans le partage. Nous pensons fermement que monde de l’art et le monde des affaires sont intrinsèquement liés. Les parallèles qui peuvent être établis entre les deux ont amené Rogers Capital à soutenir quelques projets », explique Annick Corroy au nom du groupe.

Soutien du groupe Currimjee à l’événement PorLwi by Nature

Soutenir dans le respect des valeurs de l’entreprise

Le goupe Currimjee Jeewanjee fait savoir lui, que son budget sponsoring est presque entièrement dédié (90%) au soutien à l’Art et la Culture, un soutien porté par les valeurs clefs de l’entreprise que sont « l’ouverture », la « passion » et la « responsabilité ». Cette volonté se traduit à la fois sur le souvenir – Rétrospective Serge Constantin, exposition Analogies et Correspondances de Roger Charoux et Jocelyn Thomasse en 2017 – et l’avenir, – par le soutien aux jeunes talents via l’évènement PorLwi by Nature. « Nous avons sensiblement la même enveloppe budgétaire pour soutenir deux à trois évènements forts chaque année, devant être obligatoirement en lien avec nos valeurs et notre image, que l’on souhaite rendre attractive certes, mais tout en lui conservant son aura de sérieux; contribuer à faire bouger les choses, oui, mais de façon plutôt douce et cohérente quant à notre positionnement corporate», précise Marianne Caradec, directrice de la communication du groupe Currimjee. « En plus de faire nos choix sur ces critères de valeurs, le ressenti de sérieux émanant du projet, en terme de sens, et sa faisabilité par rapport à une date butoir sont les deux autres points déterminants», poursuit-elle. Dans le respect de ces critères, le groupe s’est positionné cette année sur quatre projets phares : « Une nation, un destin » sur Ion News – témoignages souvenir du jour de l’indépendance de l’Ile Maurice par différentes personnalités -, le parrainage du concours lancé par le Caudan Live Center pour la catégorie musique, l’opéra « La veuve joyeuse » avec Opéra Mauritius et le film documentaire d’Alain Gordon Gentil sur l’indépendance, « Les jours inespérés ». Dans le Nord, le groupe Terra s’est engagé sur cette « voix artistique » avec son « Recreative Park » à Beau Plan, un lieu se projetant comme futur laboratoire créatif en y accueillant les artistes. En marge de ce projet, il ne s‘est d’ailleurs jamais départi de son soutien au festival musical Kaz’ Out, accueilli cette année encore, début novembre, dans les jardins de l’Aventure du Sucre.   

« Valoriser notre héritage artistique et, de l’autre, de soutenir les artistes de demain.”

A travers IBL Together, le groupe insiste lui sur une politique de mécénat qui s’appuie sur la transmission de savoir, de partage et d’éducation.

Car pour son CEO, Arnaud Lagesse, “l’art est important dans la société pour d’innombrables raisons. Il communique à travers les barrières de langue, de classe et de culture. En tant que premier groupe mauricien, et dans la ligne de la mission que nous nous sommes fixés, celle de “créer un avenir meilleur pour tous”, nous prenons la mesure de l’importance de l’art dans la société mauricienne. Cet engagement ne date pas d’hier, notre groupe a, au fil de sa longue histoire, favorisé les accès à la culture et la reconnaissance de la diversité culturelle, ainsi que facilité les conditions d’expression des artistes mauriciens. Il est important d’une part, de valoriser notre héritage artistique et, de l’autre, de soutenir les artistes de demain.”

Venant appuyer ses propos, IBL s’est associé avec « Porlwi by Nature » pour une série d’ateliers et de conférences annexés au festival, pendant huit mois, sous le label IBL Porlwi Lab. En partenariat avec le groupe Currimjee, IBL a soutenu l’exposition “Analogies et Correspondances” organisée par The Third Dot, laquelle l’a également aidé à choisir le jeune artiste Brian Lamoureux pour illustrer son Rapport 2017-2018. C’est l’artiste photographe Karen Pang qui habillera celui de 2018-2019. Le groupe intervient aussi en soutien de L’Atelier Mo’zart, dans le cadre de projets de festivals internationaux et de formations individuelles.

Du côté des groupes hôteliers

La plus belle illustration du lien tissé entre l’hôtellerie et l’Art se trouve sans conteste du côté du Hennessy Park Hotel d’Ebène, (groupe Indigo) transformé fin 2017 au nom de l’art contemporain. Les toiles de Gaël Froget dans les espaces communs, celles de Roger Charroux, de Jocelyn Thomasse et de Jean-Claude Baissac dans les chambres et la façade de l’établissement revisité par Emilien Jubeau ont propulsé l’hôtel dans la catégorie arty-chic. On peut clairement qualifier le Hennessy comme un lieu sensible à l’art.

 Si le groupe Sun creuse aussi la veine artistique en proposant régulièrement son hôtel le Long Beach de Bellemare comme résidence d’artistes et lieu d’expositions, il soutient de façon appuyée une autre forme d’art majeur qu’est la musique.

Ce, en ayant développé il y a peu le concept “People of the Sun », qui du vendredi jusqu’au dimanche, donne l’opportunité aux artistes de se produire dans ses hôtels. Dans cette logique musicale, son nouveau studio d’enregistrement de La Pirogue leur est d’ailleurs ouvert à des tarifs préférentiels. Le groupe hôtelier est néanmoins sorti de ses domaines de prédilection en ayant sponsorisé cette année la pièce de théâtre mauricienne de Jean Lindsay Dhookit « Cette brûlante envie de servir » jouée à Maurice et, à Paris. La politique du groupe Beachcomber quant à elle diffère dans le sens où il soutient surtout les évènements en provenance de l’extérieur, en mettant à disposition des artistes venant se produire dans l’île, hébergement et salles pour les conférences de presse. Comme ce fut le cas notamment pour la manifestation culturelle Les Théâtrales de 2015 et 2016, avec laquelle Beachcomber a tissé un partenariat.

Il n’existe pas à Maurice comme dans d‘autres pays, dont la France, une réduction d’impôts accordée aux entreprises mécènes d’art, mais il semblerait que le ministère des Art et de la Culture soit en train d’écrire un projet de loi qui permettrait de déduire de l’impôt, le montant de l’œuvre acquise.

Mais l’Entreprise sait bien que la récolte des bénéfices ne s’envisage pas sur ce terrain. « Il existe une littérature abondante qui associe les arts à la création de capital social et à une meilleure cohésion communautaire. Intégrer l’Art à la société… et, meilleur est l’engagement civil, plus forts sont les liens sociaux et plus bas est le taux de chômage et de criminalité », résume Annick Corroy de Rogers Capital. La lecture quotidienne des faits divers pourrait faire tiquer, mais l’intention qui véhicule les projections sociales des entreprises locales mécènes est absolument louable.

Le Caudan Live soutenu par des sponsors

Il s’agit d’un concours de talents que l’équipe du théâtre veut choisir pour se produire lors de l’inauguration officielle du tout nouveau Caudan Arts Centre, le 1er décembre prochain. “On aurait pu choisir d’inviter une vedette internationale, mais nous  préférons inaugurer notre théâtre avec des artistes mauriciens choisis par le public mauricien», explique Ashish Beesoondial, directeur du Caudan Arts Centre. Sur les cinq disciplines artistiques identifiées, les sponsors se sont positionnés: le groupe Currimjee pour la musique, Général Construction pour le Slam, la marque Sunny pour le théâtre et le Caudan Arts Center pour la Danse et le Folk. Les deux meilleurs participants dans chaque catégorie se verront offrir un contrat de représentation par une agence internationale. Ils seront invités à présenter un spectacle payant au Caudan Arts Centre durant la saison 2019 et les cinq artistes finalistes se partageront un million de roupies, soit Rs 200 000 chacun, offerts par les sponsors du Caudan Live. Mode d’inscription à suivre sur www.caudanlive.com

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