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mercredi, décembre 11, 2024

Franck Lacorre, entre les chiffres et les lettres

Ce nom n’est certainement pas inconnu de nos fidèles lecteurs puisqu’il signe les pages de notre rubrique Histoire. Pour ceux qui l’ignorent, Franck avait entamé sa collaboration avec notre magazine tout en étant chargé des grands comptes à la banque privée de la Mauritius Commercial Bank…, dont il ne fait désormais plus partie. Une parenthèse professionnelle qu’il qualifie d’enrichissante et ayant servi de terreau à l’écriture de son premier roman, « Côté cour, côté jardin ».

Voilà quelqu’un qui vient faire mentir un axiome selon lequel, une personne ne peut être douée pour faire parler les chiffres et jouer avec les mots en même temps. Car n’est-il pas d’usage de croire qu’à chacun son camp : celui des chiffres ou celui des lettres ! Pourtant, ce jeune français au regard rieur et à l’humour bien chevillé fait partie de ceux qui n’ont pas souhaité choisir, en explorant des champs d’expression que la tradition oppose. Aujourd’hui, consultant indépendant, formateur à la MCCI Business School et chroniqueur pour le compte de notre magazine, Franck Lacorre ajoute, depuis peu, une autre corde à son arc, celui de romancier. La vie, souvent farceuse, lui a cependant fait prendre un itinéraire autre avant qu’il ne se couvre de cette nouvelle casquette de conteur d’histoire. Détenteur d’un master en Finances obtenu à l’université Paris-Dauphine, il se retrouve engagé, à l’issue de sa dernière année d’études effectuée en alternance à BNP-Paribas Banque Privée, par le même établissement bancaire. Mais Franck a une vision de la vie qui se conjugue, non pas sur un mode linéaire, mais sous forme de cumuls d’expériences. Avec celle qui deviendra sa femme, la jeune mauricienne Charline, rencontrée sur les bancs de la fac, il décide de tenter l’expérience du rêve américain et démissionne de BNP-PARIBAS pour rejoindre les States. Le jeune couple vivra ainsi un an en Floride, dans la « Venise américaine », Fort Lauderdale, située au nord de Miami. Franck y sera analyste financier pour une grosse entreprise et Charline y décroche un job dans l’import-export. « Une veine incroyable que nous ayons pu trouver un emploi dans la même ville », reconnaît-il.

« Côté cour, côté jardin » Atelier des Nomades.

Après Paris, Miami et Maurice

Puis 2014 sonne l’installation définitive dans l’île, où le jeune couple venait se ressourcer chaque année depuis 2010. Aussitôt engagé par la Mauritius Commercial Bank, où il restera quatre années, Franck Lacorre s’occupe de gérer les comptes de Français résidents. « Même lors de mon passage à BNP-PARIBAS à Neuilly-sur-Seine, je n’avais pas été confronté à des fortunes telles qu’ici », reconnaît-il. « Et c’est par le biais de l’immersion dans une grande entreprise (ndlr : la MCB) que je suis entré de plain-pied dans la vie mauricienne », admet-il. Ce dont il se félicite. Car selon lui, se contenter d’observer le tissu social à travers le prisme d’une belle-famille, comme dans son cas, réduit et biaise l’idée que l’on peut s’en faire. C’est en côtoyant au quotidien, « cette société plurielle extrêmement complexe », à l’écoute de commentaires attrapés au vol, des échanges entre représentants des différentes communautés, que le jeune français découvre une facette de son île d’adoption. Et germe ainsi l’idée de transformer ses sujets de découverte en roman.

L’histoire d’un Mauricien qui rentre au pays

Après deux années d’écriture conduites alors qu’il est encore rattaché à la MCB, il présente son manuscrit à Corine Fleury, éditrice de l’Atelier des Nomades, fortement séduite par son histoire : le retour dans l’île d’un Mauricien établi en France et sa double rencontre avec des préjugés sociaux qu’il pensait avoir laissés derrière lui et avec un père avec lequel la relation est conflictuelle. Rétrospectivement Franck en convient: la finance est entrée dans sa vie par le biais des études comme un gage d’assurance sur l’avenir. « Compte tenu de mon contexte familial, je n’avais pas le droit à l’erreur, et la finance correspondait à un pont qui me mènerait sans encombre à l’emploi ». Un objectif qui devait néanmoins compter avec son amour du livre, son goût pour l’évasion sédentaire, contractés dès ses premières lectures signées Dumas, Verne et Dickens. A son tour de nous faire voyager via son roman disponible dès ce mois-ci en librairie.

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